Ce court article de notre ami Bernard Gensane (URL de son blog http://bernard-gensane.over-blog.com/) dit tout sur la manière dont on traite les rejetés de la société. Ce sont des choses que nous ne voyons pas, parce que nous refusons d’appréhender la réalité, ou pire, parce que nous sommes indifférents. Comme Orwell qui écrivait : « J’aimerais comprendre ce qui se passe réellement dans l’âme des plongeurs et des chômeurs de l’Embankment. Car j’ai conscience d’avoir tout au plus soulevé un coin du voile dont se couvre la misère. »
L’indifférence est la cause de notre aveuglement. Nous savons que ce qui se passe autour de nous est intolérable et nous détournons le regard, tandis que les « autorités » font tout pour que nous restions aveugles en oubliant d’être tout simplement humains.
Pierre Verhas
C'est ainsi qu'on les appelle : des excroissances anti SDF, des machins bidules ronds carrés pointus (rien à voir avec les seins de Sophie Marceau) pour empêcher
les clochards de se reposer dehors, puisqu'ils n'ont pas de dedans. Dans les années trente, en Angleterre – Orwell a écrit un livre magnifique sur le sujet ([1]) –, le règlement des asiles anti clochards stipulait qu'un pauvre hère n'avait pas le droit de passer
deux nuits consécutives dans le même lieu. La distance entre deux asiles était calculée de manière à ce que les clochards devaient marcher toute la journée pour aller d'un abri à un autre (en
gros 25 km). Alors ils marchaient. Ils ne faisaient rien d'autre que marcher. 80 ans plus tard, nous sommes dans la même logique anti clochards, donc antihumaine.
Ces excroissances urbaines anti-SDF se multiplient partout en France, et repoussent les démunis vers des zones encore plus inhospitalières.
Cette violence ordonnée, indifférente aux
souffrances d’autrui est LA réponse
silencieuse et hypocrite à la plus forte.
Ces initiatives (collectives, privées, publiques),
ne participent qu’à la dégradation des relations humaines, et au triomphe de l’individualisme.