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  • : Le blog de pierre verhas
  • : Blog consacré à l'actualité dans les domaines de la politique et de l'astronomie, vus au sens large. Ce blog n'est pas neutre : il se positionne à gauche, de philosophie laïque et donnant la primauté à l'expérience sur la spéculation. Ce blog est ouvert au débat, à l'exception des invectives, des attaques personnelles et des insultes qui seront systématiquement rejetées afin de permettre à chacun(e) de débattre en toute liberté et dans la sérénité qui n'exclut en rien la passion.
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15 avril 2012 7 15 /04 /avril /2012 17:55

 

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 Jean-Luc Mélenchon : le méchant populiste, l'homme à abattre !

Il est de bon ton de désigner Jean-Luc Mélenchon comme un leader populiste, ringard, nostalgique des régimes communistes d’antan, castriste, ami de la Chine communiste (qu’il y a longtemps qu’on n’appelle plus « populaire ») et, péché suprême, partisan d’Hugo Chavez.

 

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Hugo Chavez : le pestiféré réélu démocratiquement trois fois sous contrôle international 

 

Mélenchon est le seul candidat à l’élection présidentielle à proposer un changement radical d’orientation en tous les domaines. En politique internationale, il veut que la France quitte l’OTAN, il veut une alliance qu’il appelle « altermondialiste » avec les BRICS – les pays émergents de tous les continents, dont la Russie et la Chine – afin de briser le carcan occidental dans lequel la France et l’Europe sont enfermées depuis trop longtemps. En ce qui concerne l’Union européenne, il souhaite que la BCE « fasse son boulot », autrement dit qu’elle prête aux Etats à 1% pour résorber la dette et n’utilise plus ce système absurde qui consiste à prêter aux banques à ce même taux et auxquelles les Etats sont contraints d’emprunter à des taux variant en fonction de leur conjoncture économique. Ces taux beaucoup trop élevés sont une des principales causes des graves difficultés que connaissent l’Espagne et le Portugal et de la catastrophe grecque.

 

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Si Mélenchon a du succès et si Hollande est élu, la droite prévoit une crise grecque à la France.

  

Enfin, Mélenchon veut un réel progrès social avec une augmentation substantielle du SMIC, une réduction du temps de travail et augmenter les impôts des plus riches. Programme considéré comme démagogique, utopique, dangereux par la droite et même certains Socialistes !

 

Cependant, « Méluche » grimpe dans les sondages. Il a surpris le microcosme par le grand rassemblement à Paris, à la place de la Bastille, autour de sa candidature et de son programme. Il s’en est suivi un déplacement de masse à Toulouse, à la place du Capitole et enfin, à Marseille, au Prado. Les candidats principaux – Sarkozy et Hollande – doivent désormais compter avec lui qui venait des profondeurs des sondages pour ensuite effectuer une remontée spectaculaire où il dépasse – encore de peu – la candidate d’extrême-droite, Marine Le Pen. Cependant, on sait ce que valent les sondages ! Il est même évident qu’ils sont manipulés dans l’intérêt de la stratégie de celui qui se fait appeler le « candidat sortant ». Pourtant, incontestablement,  la candidature de Mélenchon est devenue le point central de cette (trop) longue campagne présidentielle.

 

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Le rassemblement de masse à Marseille fut aussi festif : "La plage au peuple" 

 

« Couvrez ce sein… »

 

Ses adversaires de l’establishment de droite comme de gauche lui reprochent son « populisme », ce mot fourre-tout où  comme la réplique dans Tartuffe : « Couvrez ce sein que je saurais voir », l’on y jette tout ce qui pourrait gêner. Mais, en l’occurrence, le sein en question pourrait donner un lait très nourrissant à la France. En effet, Mélenchon a une stratégie bien élaborée avec un entourage de grande qualité et de haut niveau.

Ils me manipulent et moi, je les manipule !

 

Pour cela, il s’est inspiré des grands bouleversements qui ont lieu en Amérique latine. Il ne s’en cache d’ailleurs pas. Dans une interview au journal argentin Pagina 12 reprise par le site « le Grand Soir » (http://www.legrandsoir.info/jean-luc-melenchon-mes-modeles-je-les-ai-pris-en-amerique-latine-pagina-12.html), Jean-Luc Mélenchon explique : « Chez nous, tout est nouveau : le Parti de Gauche est nouveau, il aura quatre ans en novembre prochain, le Front de Gauche lui aussi est nouveau. Nous-mêmes, nous sortons des catacombes, nous sommes un courant qui a été sur le point de disparaître du paysage politique. En réalité, j’ai pris mes modèles en Amérique Latine, je me suis inspiré de ce qui s’est passé là-bas. Par exemple, le Front de Gauche est une formule politique qui réunit des partis très différents. Nous avons maintenant même des écologistes originaires de la frange la plus radicale. Dans le Front lui-même, nous avons des partisans de la non-croissance, des partisans de la croissance et des communistes. Tous ont réussi à se retrouver sur une ligne commune. Dans ce cas, le modèle auquel je me réfère est le Frente Amplio uruguayen. Il a été pour moi une source d’inspiration depuis plusieurs années. La révolution citoyenne est un projet fédérateur car elle inclut l’idée du pouvoir citoyen. Ce terme a permis la convergence de traditions révolutionnaires très diverses. Et bien, cette idée-là, je l’ai prise à l’Equateur. Quant à la manière d’affronter le système des média, je l’ai prise chez Nestor et Cristina Kirchner. Ici, en France, on attribue ce style à mon mauvais caractère, à mes difficultés, mais en réalité, il n’en est rien : ils me manipulent et moi, je les manipule. Maintenant, je les ai mis au pas, exactement comme ont fait Nestor Kirchner et Cristina Kirchner. En somme, je m’inspire beaucoup de la tradition révolutionnaire d’Amérique Latine. Notre consigne est : « Qu’ils s’en aillent tous ! » Cette consigne, je l’ai tirée de la crise argentine de 2001. »

 

 

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Cristina Kirchner : sa politique a inspiré Mélenchon.

 

 

Vous les Européens, la dernière fois qu’il y eu une crise chez vous, pour en sortir, vous avez déclenché une guerre mondiale et la Shoah !

 

 

Un autre aspect méconnu est sa démarche. Mélenchon a réussi à se débarrasser de ce complexe de supériorité de l’Européen. Il a reçu une leçon qu’il a retenue : « A l’époque de la crise argentine, j’ai eu une discussion avec des camarades qui avaient occupé un hôtel à Buenos Aires. Nous avons parlé du type de socialisme qu’il fallait élaborer à travers les critiques que l’on pouvait faire du modèle vénézuélien ou cubain. Un camarade qui se trouvait là nous dit : « Ecoutez, vous, les Européens, vous êtes très intéressants pour la polémique mais vous êtes en crise. La dernière fois qu’il y eu une crise chez vous, pour en sortir, vous avez déclenché une guerre mondiale et la Shoah. Qu’allez-vous faire maintenant ? » Nous sommes restés muets. Ce camarade avait remué le couteau dans la plaie : la crise du capitalisme de notre époque conjugue crise économique et crise écologique et provoque des déflagrations qui sont beaucoup plus graves que des schémas théoriques : ce sont des déflagrations qui peuvent anéantir l’humanité. Il faut que notre gauche se débarrasse de cette manie des querelles théologiques, des interminables discussions à faire se dresser les cheveux sur la tête. Il faut adopter une pratique rationnelle. Dès qu’une difficulté se présente, il s’agit de la décortiquer, de décortiquer son contenu et de le reconstruire avec des outils qui marchent. Il est impossible de séparer la pratique du travail théorique. J’ai une intuition, une espèce de certitude historique et politique : la classe laborieuse regorge d’idées, de connaissance, elle a un regard d’expert. C’est une source fabuleuse ! Grâce à la dialectique de l’échange, nous pouvons progresser. »

 

 

Dany à court d’arguments sérieux

 

 

 

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 Daniel Cohn Bendit est lui-même simpliste !

 

Ensuite, et cela répond aux accusations de simplisme de Cohn Bendit, le candidat du Front de gauche explique comment il est arrivé à considérer comme essentielle la dimension écologique. « Au début, je n’avais pas pris en compte cette dimension. J’avais une certaine sensibilité pour l’environnement, le gaspillage et la pollution, mais cela n’allait pas plus loin. Du temps de l’ancienne gauche, nous étions capables de tout penser mais nous avions des angles morts. L’un de ces angles morts était : comment vivons-nous ? Dans l’histoire du socialisme, il y a une espèce d’obsession à l’égard de l’homme nouveau. Cependant, c’est une notion si trouble qu’elle finit par devenir dangereuse. Quel est cet homme nouveau sur lequel nous voulons nous reformater, à partir de quoi ? Immédiatement, nous voyons se profiler le risque totalitaire. C’était un angle mort. Le second était que précisément le développement du système peut remettre en question les bases mêmes de l’existence du système car il épuise les ressources et détruit l’environnement. Ce sont les Verts qui ont mis ce sujet sur la table. Je reconnais la dette intellectuelle que j’ai envers eux. Quelqu’un a dit que l’écologie politique était le nouveau paradigme organisateur de la gauche et il a raison. Je me suis intéressé à ce sujet et pour moi cela a été un choc intellectuel, semblable au choc que j’ai éprouvé quand, dans ma jeunesse, j’ai lu le livre de Marx et Engels, « L’idéologie allemande ». Ce fut pour moi une révélation intellectuelle, une clé de compréhension. Il m’est arrivé la même chose avec l’écologie politique. Dans mes recherches, je suis revenu à Marx à travers le souvenir d’une phrase où il parlait de la nature en disant qu’elle était le corps inorganique de l’homme. Marx décrit la relation de l’être humain avec le nature dans une sorte de dialectique où l’être humain est l’un des épisodes de la nature et pas simplement une créature extérieure qui surgit et se pose le problème du contrôle de la nature. J’ai fini par formuler une synthèse entre l’ancienne gauche, dont j’étais un représentant et ce nouveau paradigme. »

 

 

La richesse est synonyme d’irresponsabilité.

 

 

Enfin, Mélenchon définit sa conception de la gauche actuelle. Il ne veut plus des recettes de l’ancienne gauche. « Le problème de la gauche a été qu’elle a adopté le principe selon lequel les standards de vie des riches étaient la voie à suivre. Evidemment, c’est ce que tout le monde réclamait. Et c’est à cela qu’il faut renoncer. La richesse est synonyme d’irresponsabilité pour ce qui concerne les modes de consommation. L’ancienne gauche a commis l’erreur de le croire. Nous avions un regard dépourvu de toute critique sur la consommation. Et même lorsqu’une critique s’élevait, elle n’avait pas de sens car elle se fondait sur des principes moraux. L’écologie politique a permis de résoudre de nombreux problèmes théoriques. Par exemple, l’ensemble de l’idéal progressiste repose sur l’égalité et la similitude entre les êtres humains. Mais cela n’est qu’une illusion. Si on regarde autour de soi, on voit immédiatement que les êtres humains ne sont égaux en rien. Mais nous, nous avons fondé de façon naturelle notre conviction sur cette égalité-là. La Révolution de 1789 dit : « les êtres humains naissent et demeurent libres et égaux en droits ». Voilà la raison pour laquelle se sont développées en France des formes de pensée totalitaire et raciste. Le postulat de départ était que les choses étaient différentes, que par nature, il y avait des différences, des inégalités, des races. Ceux qui nient l’inégalité naturelle ont conduit tous les régimes égalitaires à être totalitaires, car ils ont dû forcer quelque chose qui est inscrit dans la nature. L’écologie politique résout cet obstacle naturel, et clôt la discussion. Pourquoi ? Parce qu’elle dit qu’il n’existe qu’un écosystème compatible avec la vie humaine. C’est-à-dire que tous les êtres humains sont semblables pour la bonne raison que, si cet écosystème disparaît, les êtres humains disparaissent tous en même temps. Nous sommes alors égaux face aux contraintes imposées par l’écosystème. Ce qui veut dire que si nous n’avons qu’un seul écosystème pour rendre la vie possible, alors, un intérêt humain général existe. Cet intérêt humain général est une réalité. C’est de cette manière que nous arrivons à refonder l’ensemble des paradigmes organisateurs de la pensée de gauche, c’est-à-dire le socialisme, l’humanisme, les Lumières, la République et la Démocratie. »

 

 

 

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Mélenchon (ici avec Leroy du PCF) un populiste ?

 

Nul n’est prophète en son pays !

 

 

Après avoir lu de tels raisonnements, il semble assez difficile de classer Mélenchon parmi les populistes. Il est en effet assez rare qu’un candidat à une élection ait une pensée aussi élaborée. Certains critiqueront son radicalisme, d’autre, et c’est notre cas, estimeront que ce programme est tellement vaste qu’une présidence d’un Etat d’Europe, si important soit-il, n’aura pas les moyens et le temps de le mettre en œuvre, ni même d’en jeter les bases essentielles. Dans l’espace, un changement aussi radical et souhaitable, ne peut se faire dans le cadre d’une seule nation. Dans le temps, il faudra plusieurs mandats pour y parvenir. Enfin, il ne peut se faire par un seul homme, un seul parti, il n’est réalisable qu’avec le concours du peuple dans toutes ses variantes.

 

Certes, Mélenchon en est conscient, mais il sait et il ne s’en cache pas que le temps joue contre lui.

 

Cependant, nul n’est prophète en son pays !

 

Aussi, un appui pragmatique lui est venu du journal britannique le « Guardian » (prononcez « Gardian » et non « Gwardian »…) sous la plume de l’économiste américain Mark Weisbrot, co-directeur avec Dean Baker du Center for Economic and Policy Research à Washington qui est – et cela montre qu’aux USA, la pensée unique n’est pas totalement dominante – un homme de gauche : ce « PhD » (Docteur en Philosophie, c’est-à-dire titulaire d’un troisième cycle universitaire) en économie de l’Université du Michigan s’est opposé à la privatisation du système de sécurité sociale aux Etats-Unis, est très critique à l’égard de la mondialisation telle que conçue par le FMI : « Aucune nation ne s’est jamais sortie de la pauvreté avec les conditions imposées par Washington. » Il a été entendu en audience au Congrès américain pour analyser la crise argentine de 1999. Il a été également consulté en 2004 par la Commission sénatoriale des affaires étrangères pour la situation politique au Venezuela. Weisbrot est correspondant du Guardian et du plus grand quotidien brésilien Folha S. Paulo.

 

 

L’appui d’un des plus grands économistes américains

 

 

Pour le Guardian, il fait ici une analyse pragmatique de la candidature de Mélenchon, pourtant fort critiqué dans la presse anglo-saxonne en général. Il dresse d’abord un bilan impitoyable de la politique de Sarkozy : « Après avoir été l’un des rares pays à hauts revenus à n’avoir pas connu d’augmentation des inégalités entre le milieu des années 1980 et le milieu des années 2000, la France est devenue plus inégalitaire depuis l’élection de Sarkozy. Le rapport entre les revenus du 99ème centile (ceux des 1% les plus riches, en haut de l'échelle) et ceux du premier centile (en bas de l'échelle) est passé de 11,8 à 16,2. D’autres indicateurs d’inégalité ont aussi augmenté sensiblement. Ainsi, le coefficient de Gini ([1]) est passé de 0,260 à 0,299. Ce changement s'est produit entre 2007 et 2010 ; la situation est probablement pire aujourd’hui.

En relevant l’âge de départ en retraite par une réforme inutile qui déclencha une forte opposition et de nombreuses vagues de protestation, Sarkozy a ouvert la voie à une France encore plus inégalitaire pour les années à venir.
»

 

 

Il analyse ensuite le rapport de force politique : « Comme en 2007, l'opinion dominante est que la France vit au-dessus de ses moyens, et Sarkozy prévient à présent que, s'il n'était pas réélu, elle pourrait bien devenir la nouvelle Grèce et affronter une débâcle économique. Il s’engage donc à équilibrer les comptes publics d’ici à 2016.

Malheureusement, son rival du Parti socialiste, François Hollande, promet l’équilibre budgétaire d’ici à 2017. Il y a bien entendu des différences importantes entre les deux candidats, mais si l’un ou l’autre devait appliquer un programme d’austérité budgétaire d’une telle ampleur, à un moment où les économies française et européenne sont si faibles, il est quasiment certain que le chômage et bien d’autres problèmes économiques ne pourraient que s’aggraver. La France perdrait alors certains de ses nombreux acquis sociaux et économiques. »

 

 

En clair, Weisbrot s’oppose aux politiques d’austérité budgétaire et affirme que Hollande, s’il est élu, appliquera un programme d’austérité qui ne pourrait amener qu’à plus de chômage, moins d’investissements et, bien entendu, plus de pauvreté.

Heureusement, écrit-il, « la France dispose d’une alternative plus progressiste : elle s’incarne dans la candidature de Jean-Luc Mélenchon, portée par le Front de gauche. Dans la course à l’Elysée, il semble être le seul à comprendre les choix économiques réels qui s’offrent à la France et à la zone euro. La France n’a nullement besoin d’une cure d’austérité qui la condamnerait à finir comme la Grèce. Au lieu de cela, Mélenchon propose que la Banque centrale européenne fasse son travail, c’est-à-dire qu’elle prête au taux de 1% à la France et aux autres gouvernements européens, comme elle le fait aux banques privées. Le poids du service de la dette française, d’environ 2,4% du PIB est encore assez raisonnable. Si la France peut continuer à emprunter à faible taux, elle pourra se sortir de ses problèmes actuels, tout en créant de l’emploi et en augmentant les revenus. Cela relève du bon sens macroéconomique. »

 

 

Hors des sentiers battus

 

 

Weisbrot se déclare également partisan du programme social de Mélenchon : « Mélenchon veut aussi réduire le temps de travail, augmenter le salaire minimum, ainsi que les impôts pour les plus riches. Il rejette l’absurdité de l’équilibre budgétaire - comme d'ailleurs la plupart des économistes aux États-Unis - et fustige l'absence d'engagement de la Banque centrale européenne en faveur du plein emploi. Cette démarche est pertinente d’un point de vue économique puisque, notamment en période de récession, la BCE peut créer de la monnaie. C'est ce qu'a fait la Réserve fédérale américaine en créant 2 300 milliards de dollars depuis 2008 sans craindre une inflation excessive. »

 

Et il conclut sa démonstration par le constat que, pour la première fois, en France, un vote « hors des sentiers battus » est souhaitable : « Pour le candidat d'un troisième parti, il est beaucoup plus facile en France qu'aux Etats-Unis d’avoir une influence significative, même sans remporter l’élection. Hollande a déjà orienté son discours plus à gauche afin de capter les voix du Front de gauche, et Mélenchon aura des atouts en main avant de soutenir la candidature Hollande au second tour. Alors que les deux grands partis s'engagent à mettre en place des politiques économiques qui diminueront le niveau de vie des Français – alors que, en 2007, seul Sarkozy s’engageait dans cette voie – on peut difficilement trouver moment plus opportun pour voter « hors des sentiers battus ». »

 

Courons le risque !

 

Ainsi, on assistera plus que probablement à un second tour Hollande / Sarkozy. Sans doute, Mélenchon se ralliera à Hollande mais non sans avoir obtenu des points essentiels de son programme. De toute façon – il ne cesse de le proclamer – Mélenchon a une vision à long terme, au-delà de cette élection présidentielle : son objectif est de déclencher une dynamique qui l’amènera à imposer les idées du Front de gauche et à changer le rapport de force, même au-delà de la France. Il faudra voir si Mélenchon sera le « troisième homme » en ayant relégué Marine Le Pen derrière lui. Alors, se déclenchera une dynamique basée sur ses idées fortes. Au cas où Le Pen bat Mélenchon, ce qui est malheureusement toujours possible, il risque au contraire de se retrouver affaibli au sein  de la gauche.

 

 

Enfin, dernière hypothèse : Sarkozy l’emporte. Là, ce serait sans doute la fin du PS et il y aurait une redistribution des cartes à gauche dont le Front de gauche pourrait profiter. Mais dans l’opposition, et pour longtemps.

 

 

Aussi, on peut comprendre l’électeur de gauche qui se rallie à Mélenchon mais hésite à prendre le risque de voir Hollande ne pas disposer de forces suffisantes pour affronter le deuxième tour. Ou alors, comme le préconise Weisbrot, c’est sans doute «le moment le plus opportun pour voter hors des sentiers battus ». Tout engagement comporte un risque et cela vaut la peine de le courir.

 

Alors, c’est le moment ou jamais. Profitons-en !

 

Pierre Verhas




[1] Le coefficient de Gini est une mesure du degré d'inégalité de la distribution des revenus dans une société donnée, développée par le statisticien italien Corrado Gini.

Le coefficient de Gini est un nombre variant de 0 à 1, où 0 signifie l'égalité parfaite (tout le monde a le même revenu) et 1 signifie l'inégalité totale (une personne a tout le revenu, les autres n'ont rien, cas extrême du maître et de ses esclaves).

 

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commentaires

B
Bravo, et j'ai beaucoup aimé les 10 dernières lignes.
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