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  • : Le blog de pierre verhas
  • : Blog consacré à l'actualité dans les domaines de la politique et de l'astronomie, vus au sens large. Ce blog n'est pas neutre : il se positionne à gauche, de philosophie laïque et donnant la primauté à l'expérience sur la spéculation. Ce blog est ouvert au débat, à l'exception des invectives, des attaques personnelles et des insultes qui seront systématiquement rejetées afin de permettre à chacun(e) de débattre en toute liberté et dans la sérénité qui n'exclut en rien la passion.
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19 novembre 2016 6 19 /11 /novembre /2016 22:23

 

 

 

Emir Kir : le petit Sultan de St-Josse-ten-Noode

 

Jeudi 17 novembre à Bruxelles : importante manifestation dans la journée des opposants – essentiellement des Kurdes du HDP, mais aussi d’autres opposants démocrates turcs – devant le siège de la Commission européenne pour protester contre la faiblesse de l’Union européenne face à la dictature qui s’installe en Turquie sous la férule de Recep Tayiip Erdogan, et qui se livre à des purges massives dans l’administration, l’enseignement et l’armée et aussi à la traque des députés et militants du parti kurde HDP largement représenté au Parlement d’Ankara, sans compter les arrestations arbitraires d’artistes et d’écrivains.

 

 

 

Les manifestants kurdes opposés à Erdogan ont été attaqués à plusieurs reprises par des partisans de l'AKP sur leur parcours à Saint-Josse ten Noode.

Les manifestants kurdes opposés à Erdogan ont été attaqués à plusieurs reprises par des partisans de l'AKP sur leur parcours à Saint-Josse ten Noode.

 

 

 

Le soir même, des partisans d’Erdogan, membres de son parti, AKP, manifestent à Saint-Josse-ten-Noode – la commune jouxtant le quartier « européen » - et un cocktail Molotov est lancé contre l’Institut kurde provoquant un début d’incendie.

 

 

Le bourgmestre de Saint-Josse, le PS Emir Kir connu pour ses sympathies à l’égard de l’AKP et son refus de reconnaître le génocide des Arméniens, s’il a désapprouvé cet attentat du bout des lèvres, s’en est surtout pris aux manifestants de l’opposition qu’il a accusé de terroristes et de membres du PKK. Il a déclaré :

 

 

 

 

 

Emir Kir, ici devant le drapeau turc frappé du portrait de Mustapha Kemal Atatürk aurait dû le remplacer par celui de Recep Tayiip Erdogan. Cela cconviendrait mieux au bourgmestre de Saint-Josse...

Emir Kir, ici devant le drapeau turc frappé du portrait de Mustapha Kemal Atatürk aurait dû le remplacer par celui de Recep Tayiip Erdogan. Cela cconviendrait mieux au bourgmestre de Saint-Josse...

 

 

 

« On entend la colère qui monte dans la communauté turque depuis hier. Hier, dans le déclaratif, c'était une manifestation pour dénoncer la politique du gouvernement Erdogan. Mais dans la réalité, on a vu défiler des militants de l'organisation terroriste PKK. Et pour les Turcs, quand vous parlez de PKK, c'est la résonance par rapport aux attentats successifs en Turquie qui ont fait des dizaines de milliers de morts. »

 

Il a ajouté sous un ton quelque peu menaçant :

 

 

« La Belgique est un pays ami de la Turquie et ils ne comprennent pas pourquoi les autorités donnent systématiquement des autorisations à certaines associations qui en réalité permettent la propagande terroriste. »

 

Et il conclut, cerise sur le gâteau :

 

« C'est comme si on permettait à Madrid de faire une manifestation pour Daesh, ce serait insupportable pour les Belges qui ont vécu les attentats. »

 

La comparaison avec Daesh a déclenché un tollé, mais le maïeur Ten-noodois n’en a cure.

 

Et samedi 19, dans cette même commune de Saint-Josse, Une contre-manifestation autorisée par Emir Kir a été organisée en soutien de la politique du Président turc Racep Tayiip Erdogan.

 

De nombreux militants socialistes et antiracistes fustigent l’attitude d’Emir Kir et exigent qu’il soit sanctionné sévèrement, sinon exclu du PS.

 

 

Dans un bref communiqué, le président du PS, Elio Di Rupo, signale avoir demandé à Emir Kir de clarifier ses propos.

 

Osera-t-il faire preuve de fermeté, cette fois-ci ?

 

La primaire de la droite française : déjà des leçons à tirer.

 

La droitisation est en marche et elle est passée à la vitesse supérieure !

 

Sur les sept candidats, c’est à celui qui sera le plus néolibéral et le plus à droite. Exit l’intégriste catho Poisson qui n’a pu cacher son antisémitisme – chassez le naturel ! Et... – et son racisme. Sarkozy emberlificoté dans les affaires Bygmalion et libyenne, Juppé, le vieux cheval de retour, Fillon qui tente de sortir du lot, le jeunot Bruno Lemaire et la calamiteuse NKM rivalisent de solutions ultralibérales. Allons : on va augmenter la TVA, virer 500.000 fonctionnaires, privatiser à tout va, durcir encore plus la « loi travail », etc. Autrement dit, nouvelle offensive contre le travail au profit du capital financier.

 

 

 

 

Les candidats à la primaire de la droite "républicaine" française : c'est à qui sera le plus à droite !

Les candidats à la primaire de la droite "républicaine" française : c'est à qui sera le plus à droite !

 

 

 

Et, bien entendu, la Marine en embuscade, on y va à qui mieux mieux sur le sécuritaire, le terrorisme, la fermeture des frontières ; bref, la défense de la liberté par la restriction des libertés…

 

 

Quel que soit le vainqueur de cette primaire, il a de fortes chances de se retrouver au deuxième tour des présidentielles face à la Le Pen qui, telle Blanche Neige, vogue entre 25 et 30 % dans les sondages pour le premier tour, alors que les sept nains réussissent à peine à récolter 15 % des intentions de vote.

 

 

Des sondages, parlons-en justement. Après les élections américaines, la crédibilité des sondages a pris un sérieux coup.

 

 

 

 

 

 

Le politologue bruxellois Pascal Delwit est sceptique sur les sondage.

Le politologue bruxellois Pascal Delwit est sceptique sur les sondage.

 

 

 

Le politologue bruxellois Pascal Delwit, sur Facebook, s’est dit « impressionné, dix jours après les élections américaines, par la valse des commentaires sur la primaire de droite à la seule aune des sondages ou de ce que nous disent «les réseaux sociaux».

 

La plupart des enquêtes sont réalisées sur moins de 700 sondés et on ne connaît pas... le corps électoral.

 

On sera sans doute surpris dimanche soir. Et lundi, sans doute, s'étonnera-t-on, dans les médias, de cette focalisation sur les sondages, avant de commenter mardi la primaire à l'aune des sondages pour le deuxième tour. »

 

 

Aussi, faire des pronostics à ce stade, équivaut à jouer aux dés ! Il est encore trop tôt pour se prononcer sur un nom.

 

 

La seule certitude, des lendemains qui chantent : la gauche étant hors jeu suite à ses divisions et la calamiteuse présidence de Hollande, l’ineffable (banquier) Macron ayant ses chances, le (la) futur(e) président(e) français(e) sera l’agent dévoué du MEDEF et des banques.

 

 

Nucléaire belge : les risques croissants d’accidents sérieux

 

 

La « Libre Belgique » de ce 19 novembre révèle le contenu de deux lettres envoyées par Jan Bens, le directeur général de l’Agence fédérale du contrôle nucléaire (AFCN) ; la première datée du 1er juillet 2016  adressée à Philippe Van Troeye, le CEO d’Electrabel – l’ancienne société belge de production et de distribution d’électricité absorbée par GDF Suez devenu Engies – et la seconde du 2 septembre 2016 à destination d’Isabelle Kocher, la présidente du CA d’Electrabel et aussi directrice générale d’Engies.

 

 

Dans sa lettre du 1er juillet 2016 au CEO d’Electrabel, Jan Bens évoque les résultats “pour le moins alarmants” des études “Fire PSA” et “Fire Hazard Analysis”. Ces études sur la résistance à un incendie ont été rendues obligatoires à partir du 1er janvier 2016.

 

On apprend dans cette lettre qu’une réunion entre Jan Bens et Wim De Clercq, l’ancien directeur nucléaire d’Electrabel, a eu lieu, le 25 mai 2016, au sujet de ces études sur les risques d’incendie. Le patron de l’AFCN y a souligné « les inquiétudes soulevées par les valeurs alarmantes des probabilités de fusion de cœur résultant des études ‘Fire PSA’ pour les unités Doel 3 et 4, Tihange 1, 2, 3. »

 

 

 

La centrale nucléaire de Tihange 1

La centrale nucléaire de Tihange 1

 

 

 

Dans la seconde lettre, Bens va encore plus loin : Ce qui est à coup sûr plus alarmant, c’est le contenu de la seconde lettre adressée par Jan Bens à Isabelle Kocher sur la culture de sûreté à Tihange. Autrement dit, la sécurité est loin d’être la priorité en ce domaine.

 

Or, la fusion de cœur, si elle se produit, est considérée comme l’accident nucléaire le plus grave avec risque d’échappement des matières fissibles. Ce serait un second Tchernobyl ou Fukushima bis !

 

Si cette conclusion semble alarmante, c’est surtout la réaction d’Electrabel qui a agacé l’AFCN. Lors d’une réunion du 16 juin 2016 consacrée à ce sujet, Electrabel a présenté un « draft » de trois pages révisant à la baisse les résultats de l’étude « Fire PSA ». Selon Electrabel, les résultats de l’étude « Fire PSA » « ne reflètent pas la réalité des centrales nucléaires belges ».

 

Jan Bens accuse les responsables d’Electrabel de faire preuve d’ « une grande désinvolture » pour les résultats de l’étude. Il conclut : « Electrabel semble fort peu concerné par cette question et j’ai des doutes sur la volonté de mettre les moyens nécessaires à résoudre rapidement ces problèmes. »

 

On peut soupçonner que le groupe Engies du sieur Mestrallet est bien plus préoccupé par ses finances que par la sécurité des populations. En effet, des réparations ou carrément la fermeture des centrales concernées coûteraient horriblement cher au groupe.

 

À Engies – Electrabel, on tente bien entendu de rassurer, en signalant que les études doivent être affinées avant de tirer des conclusions probantes. C’est ce qui a été décidé.

 

Néanmoins, la minimisation des risques telle que pratiquée par l’entreprise transnationale française n’est plus crédible. Récemment, les autorités allemandes de Rhénanie Westphalie et des Pays Bas ont tiré la sonnette d’alarme sur les dangers représentés par le vieillissant parc nucléaire belge, sans compter les Français qui ont fermé deux centrales EDF qui présentaient des dangers. Donc, le danger considéré comme réel en France « ne reflète pas la réalité » en Belgique…

 

Quant au risque d’une coupure de l’approvisionnement électrique, accru avec la fermeture des deux centrales françaises, le gouvernement De Wever Michel, par l’intermédiaire de la ministre libérale Marghem, pratique la politique de l’autruche…

 

Danger et régression pourrait être son mot d’ordre !

 

 

Menaces sur la Sécu ?

 

 

Le secrétaire général des Mutualités socialistes belges devenues Solidaris, l’ancien ministre PS des entreprises publiques, Jean-Pascal Labille et Michel Jadot, ancien « boss » de l’INAMI et président de Solidaris, tirent la sonnette d’alarme. Dans une interview au journal « Le Soir » de ce week-end des 19 et 20 novembre, ils déclarent d’emblée :

 

 

 

Jean-Pascal Labille, secrétaire général de Solidaris (Mutualités socialistes) et Michel Jadot, son président, tirent la sonnette d'alarme. (photographie Le Soir)

Jean-Pascal Labille, secrétaire général de Solidaris (Mutualités socialistes) et Michel Jadot, son président, tirent la sonnette d'alarme. (photographie Le Soir)

 

 

 

Jean-Pascal Labille : «  Nous avons fait le tour de nos instances, même chose avec le personnel, pour dire à tous que la protection sociale est en danger. Elle est utilisée comme variable d’ajustement budgétaire. Et cela conduit tout droit, en l’espace de quelques années si l’on poursuit, au démantèlement du système. »

 

Michel Jadot : « L’exercice budgétaire 2017 du gouvernement, c’est du vent, la Commission le dit, dans ces conditions, l’objectif d’équilibre en 2018 est impossible à réaliser, cela nécessite 9,8 milliards d’économies, ils ne veulent pas l’admettre… Or, il faut savoir que la logique politique est celle-ci : ce qu’ils appellent le tax shift, soit le présumé glissement de la fiscalité du facteur travail vers d’autres sources de financement, donne lieu à un « manque à gagner », et celui-ci est compensé essentiellement par les coupes dans la sécurité sociale, à concurrence de 73 %. La taxe Caïman, le fameux fonds d’investissement immobilier, la DLU, toutes ces choses ont des rendements réduits ou nuls. Restent, on l’a dit, les coupes dans la Sécu. »

 

En clair, on n’arrive pas à retrouver les « équilibres » budgétaires exigés par la Commission européenne par des réformettes fiscales, alors on puise dans les recettes de la Sécurité sociale et on coupe dans les prestations sociales. Et cela va tellement loin que le système pourrait s’effondrer définitivement.

 

Les deux dirigeants prennent pour exemple, les mesures les plus spectaculaires prises dans le secteur des soins de santé, par la ministre ultralibérale Maggie De Block. Ainsi, Labille constate avec ironie :

 

« De mémoire, je n’ai jamais vu un ministre des Affaires sociales et de la Santé avoir toutes les composantes du système contre lui : médecins, pharmaciens, hôpitaux, mutualités, étudiants, professions non reconnues… Michel a une mémoire plus grande que la mienne, mais je n’ai jamais vu ça. Là, avec Maggie De Block, c’est ce qui se passe. Qu’est-ce que cela signifie ? Que le système flanche. »

 

 

Michel Jadot ajoute :

 

« Maggie De Block, c’est Alexander De Croo, c’est le VLD [le très thatchérien parti libéral flamand], c’est la N-VA aussi : on affaiblit le pouvoir mutuelliste, on affaiblit le pouvoir syndical, on sape le système financièrement, et ça mènera à la privatisation, peut-être la communautarisation. Après deux ans de législature, il faut oser dire les choses. »

 

Jean-Pascal Labille en tire les conclusions politiques :

 

« …je vais au-delà de ces indices froids : regardez la « qualité » de l’emploi. La précarisation, les travailleurs pauvres, c’est la nouvelle grande réalité qui monte. Ces travailleurs pauvres, ce sont ceux qui ont voté pour Trump… On précarise les travailleurs, on comprime la classe moyenne, nous n’exagérons pas, il faut ouvrir les yeux maintenant. Ce qui se passe est d’une gravité extrême. »

 

Et Michel Jadot tire la sonnette d’alarme :

 

« Ajoutez qu’ils ont « réformé » l’instrument de subvention de l’Etat à la Sécu, la « dotation d’équilibre », qui avait été instaurée pour compenser les déficits : dans la réforme, les conditions imposées afin de financer cette dotation sont telles que cela aura pour effet de la faire disparaître. Conséquence : on verra s’amplifier le déficit de la Sécu – de 3 milliards déjà –, on devra alors recourir à des emprunts, qu’il faudra rembourser avec les intérêts… C’est une politique délibérée. On détruit le système. »

 

 

On détruit le système. D’ailleurs, le ministre des Finances, le NV-A Van Overtveldt  l’a affirmé : « La sécurité sociale n’est pas un tabou. »

 

C’est évidemment cela l’objectif. Démanteler l’Etat social et le remplacer par un système d’assurances privées, ce qui va aboutir à la société duale composée d’une minorité ultra riche et  ultra protégée face à une masse précarisée, miséreuse et sans avenir. Et alors,il sera quasi impossible de revenir en arrière.

 

C’est une question fondamentale de civilisation. Mais en a-t-on vraiment conscience à gauche ?

 

 

 

 

Pierre Verhas

 

 

 

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commentaires

L
Bonjour,<br /> Très bel article au ton primesautier et enjoué. Il faut reconnaître cela à mon vieil ami Pierre: c'est une <br /> belle plume .<br /> Bon dimanche.
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