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  • : Le blog de pierre verhas
  • : Blog consacré à l'actualité dans les domaines de la politique et de l'astronomie, vus au sens large. Ce blog n'est pas neutre : il se positionne à gauche, de philosophie laïque et donnant la primauté à l'expérience sur la spéculation. Ce blog est ouvert au débat, à l'exception des invectives, des attaques personnelles et des insultes qui seront systématiquement rejetées afin de permettre à chacun(e) de débattre en toute liberté et dans la sérénité qui n'exclut en rien la passion.
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1 septembre 2019 7 01 /09 /septembre /2019 21:53

 

 

 

S’il y a dans la sphère cathodique, un sinistre personnage, c’est bien Yann Moix qui, ces derniers temps, fait parler de lui d’une manière vraiment nauséabonde. Nauséabonde, ce qualificatif dont BHL affuble tous ceux qu’il veut perdre.

 

 

 

Yann Moix  se trouve dans une tempête qui semble bien organisée...

Yann Moix se trouve dans une tempête qui semble bien organisée...

 

 

 

Nous avons déjà eu l’occasion à plusieurs reprises d’évoquer une personnalité aussi admirable que méconnue, Michel Warschawski. Né à Strasbourg en 1949, fils du Grand Rabbin d’Alsace, le jeune Michel émigra avec ses parents en Israël – il fit son « alya », comme on dit – et y reçut une éducation talmudique. Lorsqu’éclata la guerre des Six jours, en se rendant à l’âge de 17 ans comme « touriste » avec ses parents dans les territoires occupés. A Hébron, sur un marché, il voulut acheter une babiole et se rendit compte de la terreur du marchand à son égard. Là, il prit conscience de l’horreur de l’occupation. Ses parents l’avaient subie – et dans quelles conditions ! – pendant la Seconde guerre mondiale et il s’aperçut que les Israéliens dont bon nombre furent victimes des horreurs nazies procédaient de même avec les Palestiniens ! Depuis, il milita pour la solidarité entre Juifs et Palestiniens.

 

 

 

Michel Warschawski expliquant à feu notre camarade Jef Baeck et à son épouse Christine le système de colonisation des territoires occupés.

Michel Warschawski expliquant à feu notre camarade Jef Baeck et à son épouse Christine le système de colonisation des territoires occupés.

 

 

 

Lors d’une rencontre à Jérusalem, Michel Warschawski nous raconta son parcours. Un épisode m’a frappé. En 1989, il est accusé de complicité avec le Front Populaire de Libération de la Palestine, organisation cataloguée comme terroriste par Israël, les Etats-Unis et l’Union européenne. Une loi avait été votée à la Knesset interdisant à tout Israélien d’entretenir des relations avec des Palestiniens. Après son arrestation, un agent du Shin Beth – le service secret intérieur d’Israël – lui rendit visite dans sa cellule. Il lui proposa de choisir entre le « Blanc et le Noir », c’est-à-dire entre sa citoyenneté israélienne et sa solidarité avec les Palestiniens. S’il optait pour le « Blanc », il serait aussitôt libéré. Warschawski lui répondit : « Entre le Blanc et le Noir, il y a le Gris ! ». L’agent lui laissa trois jours de réflexion. Lorsqu’il revint, la réponse fusa : « Je suis toujours dans le Gris ! » et il fit vingt mois de prison.

 

Le « philosémitisme » face cachée de l’antisémitisme

 

Il nous a dit aussi autre chose : « L’antisémitisme sévit partout, nous le savons tous. Mais méfiez-vous encore plus du philosémitisme ! » En effet, ce sentiment est souvent hypocrite et justifie les pires exactions commises par les extrémistes israéliens et leurs « amis ».

 

Eh bien, l’affaire Yann Moix en est la frappante illustration. Ce personnage, ex-idole des médias français et du parisianisme le plus abject, grand ami de BHL, a été adulé pendant des années pour ses odieuses prestations à la fameuse émission « On n’est pas couché » (ONPC) du samedi soir sur la chaîne France 2. Son rôle – et il avait du talent pour cela – consistait à éructer, et répandre sa haine à l’égard d’un invité qui ne répondait pas aux « normes » BHeliennes ! Il n’a cependant pas toujours réussi. Il a tenté entre autres cet exercice avec Michel Onfray, mais là, le philosophe normand sortit vainqueur de ce sinistre duel.

 

 

 

Yann Moix n'a pas réussi à désarçonner Michel Onfray à ONPC. Cela n'empêche pas ce dernier de le défendre...

Yann Moix n'a pas réussi à désarçonner Michel Onfray à ONPC. Cela n'empêche pas ce dernier de le défendre...

 

 

 

Alors, qui est Yann Moix ?

 

Né dans une famille modeste dans la Nièvre, Yann Moix fit de brillantes études qu’il termina à la prestigieuse école « Science Po » à Paris. Incontestablement, il est doté d’un talent littéraire qui fut confirmé par le Prix Goncourt du premier roman en 1996. Il a été « découvert » par Bernard Henri Lévy en 1994. Il collabora aussi à la page culturelle de l’hebdomadaire « Marianne ». Bref, il a réussi à s’introduire dans le microcosme parisien.

 

En même temps, Yann Moix fréquente l’écrivain antisémite Marc-Edouard Nabe. Il copina aussi jusqu’en 2013 avec le négationniste Paul-Eric Blanrue qui a travaillé, puis s’est disputé avec Robert Faurisson. Du joli monde, quoi !

 

Le site de gauche « Le Média » rapporte le point de vue de Blanrue sur Yann Moix. C’est édifiant !

 

 

 

 

Paul-Eric Blanrue avec Yann Moix et une jeune femme.  Ils ont manifestement l'air de bien se connaître.

Paul-Eric Blanrue avec Yann Moix et une jeune femme. Ils ont manifestement l'air de bien se connaître.

 

 

 

« Yann Moix et moi avons été les meilleurs amis du monde pendant plus de dix ans. On se voyait pratiquement tous les jours au début et un peu moins sur la fin. Après qu’il se soit cassé la gueule au cinéma avec « Cinéman », je le voyais moins. J’ai souvent aidé Yann dans ses démarches littéraires et j’ai toujours été remercié à la fin de ses livres. Néanmoins, il m’a un jour chapardé de nombreuses pages qu’il a insérées dans son roman « Naissance » avec lequel il a reçu le prix Renaudot 2013. Ce sont des pages que j’avais écrites pour un projet de série pour Canal Plus. C’est du plagiat ! Ce ladre ne m’a même pas remercié ni crédité. Voilà le genre du personnage. »

 

 

Blanrue ajoute :

 

« Vous savez, Yann Moix est un grand menteur, un mythomane. Il a affirmé par exemple ne plus me voir depuis 2010 alors que j’ai les preuves, sms et e-mails à l’appui, qu’on s’est vu jusqu’au printemps 2013 à Paris. Durant l’été précédent, il m’avait envoyé des centaines d’e-mails dont parfois 25 dans la même journée. C’est un fou furieux, un caractériel. Quand il est énervé, il casse tout chez lui. »

 

Une curieuse ignorance

 

Et où cela devient scabreux :

 

 

« A vingt-deux ans, Yann a sorti des opuscules illustrés et écrits à la main où il se moquait de la Shoah. Il vendait ses livrets, sous forme de photocopies, à dix francs l’exemplaire, après le BAC, en école de commerce à Reims. Il y a eu trois numéros de cet opuscule d’ « Ushoaïa ». C’était très critique envers BHL. Ensuite, il avait une peur bleue que ça se sache. »

 

 Et c’était connu ! Mais bien avant que l’Express ne révèle le pot aux roses en août 2019. Blanrue lui-même raconte dans son dernier ouvrage « Sécession – l’art de désobéir » :

 

« Après la publication d’une première liste de signataires (ndrl : Blanrue évoque là une pétition qu’il a lancée en 2010 pour l'abrogation de la loi Gayssot et la libération de Vincent Reynouard), nous eûmes à faire face à deux défections. Mgr Gaillot nous demanda d’ôter son nom. Le prélat gauchiste ne chercha pas à nier avoir subi des pressions de groupes opaques et s’en excusa platement auprès de nous. Moins correcte fut l’attitude de Yann Moix, qui était un ami (très) intime depuis le début des années deux mille. Après avoir signé crânement le texte en connaissance de cause, il fut pris d’une subite crise de panique et se désista sans m’en avertir, m’accusant, qui plus est, de l’avoir fait tomber dans un piège ! Misérable petit sacripant !

 

Sur le site de La Règle du Jeu, la revue de son mentor BHL, ce ladre déclara qu’il ignorait que le nom de Faurisson apparût sur la pétition et qu’en conséquence il ne pouvait moralement y figurer. Je réagis sur le blog du Clan des Vénitiens en prouvant qu’il mentait comme une brassière. Deux journalistes du Monde.fr, spécialisés dans la traque des extrémistes de droite, réels ou supposés, menèrent une enquête et parvinrent au même résultat que moi en utilisant Google-cache, la mémoire du moteur de recherche. Moix venait d’être pris la main dans le pot à confiture cyanurée !

 

 

Le pire c’est que Moix connaissait Faurisson depuis longtemps. Depuis son enfance orléanaise, de fait. C’est une information classée « secret défense » qu’il a soigneusement cachée à tout le monde. Son médecin de famille était en effet l’époux d’une sœur de Faurisson, qui venait régulièrement déjeuner le dimanche chez ses parents, lorsqu’il était gamin. Par la suite, lorsqu’il fit ses études supérieures, Moix crut original de rédiger à la main, avec maintes caricatures qui ne plairaient point au CRIF, une revue intitulée Ushoahïa, le magazine de l’extrême, qui s’inspirait de l’émission de Nicolas Hulot mais surtout de l’album de bandes dessinées Hitler = SS de Jean-Marie Gouriot et Philippe Vuillemin, et des thèses faurissoniennes. C’eût été catastrophique pour sa réputation et sa carrière si cette anecdote était éventée ! Il fut tellement épouvanté qu’on découvrît l’existence de sa farce estudiantine de mauvais goût qu’il courut à plat ventre l’avouer par prévention à son éditeur Jean-Paul Enthoven et à BHL. On imagine leurs bobines à cette occasion – et on se doute de l’estime qu’ils portent désormais à leur poulain en leur for intérieur. On sait aussi par la peau de quelle partie de son anatomie ils le tiennent ! »

 

 

Alors que tout le monde connaissait les « anciennes » et sulfureuses fréquentations de Yann Moix, BHL en a fait son mentor avec pour mission d’être le gardien du temple BHelien à ONPC, mission qu’il remplit avec zèle ! Là est la vraie question !

 

 

 

BHL et Yann Moix : une erreur de casting ?

BHL et Yann Moix : une erreur de casting ?

 

 

Le petit Céline

 

 

Dans le « Figaro » du samedi 31 août, Jean-Paul Enthoven fait part de ses doutes sur le poulain des éditions Grasset et ses manifestations philosémites. « Yann Moix a fait des études talmudiques, a appris l’hébreu avec une ferveur que j’ai toujours trouvée suspecte. »

Et Enthoven lance l’estocade.

 

 

« Pour moi, il a toujours été un fasciste pas dans le sens politique mais dans son comportement, sa façon de ne pas venir aux rendez-vous, de traiter les femmes. Qu’il ait une idiosyncrasie fasciste, c’est sûr. Il ne croit pas à la politesse, c’est une brute, c’est même physique. Il a quelque-chose de commun avec Boris Johnson. Sa seule impatience, c’est de disqualifier la personne en face. C’est notre petit Céline. »

 

 

Moix est passé sous les « fourches caudines » d’ONPC ce samedi 31 août. RAS ! Il fut gentiment interrogé par le confesseur Franz-Olivier Giesbert, par ailleurs directeur du « Point » dont le principal chroniqueur est BHL. Tout se passa entre gens de bonne compagnie. Moix en ce confessionnal cathodique se battit la coulpe, fit part de sa honte, du dégoût de lui-même. Bref de son repentir !

 

 

Et cela suffit pour Son Eminence le cardinal BHL qui lui a aussitôt accordé l’absolution.

 

 

« … j'ai eu des explications musclées avec l'intéressé qui me confirma la réalité de cette part d'ombre ; qui trouva des mots qui me parurent sincères pour dire la honte que, désormais, ces insanités lui inspiraient ; et que je vis, d'abord avec circonspection, puis, petit à petit, avec respect, s'engager dans une âpre, rude et longue aventure intérieure dont l'enjeu devait être de traiter le mal par le bien et de l'arracher, une bonne fois, à ses anciens penchants criminels.

 

Car ce n'est pas une mince affaire que de tordre le cou, même quand on est très jeune, au vieil homme antisémite en soi.

 

Il ne suffit pas de dire « j'ai changé ».

 

Ni de s'autoproclamer « meilleur ami des Juifs ».

 

Et l'histoire – à commencer par celle des Juifs – ne connaît que trop ces retournements trop commodes dont le paradigme reste celui de Baalam, le mauvais sorcier, requis par le roi de Moab pour maudire le peuple d'Israël et à qui l'Éternel dit, au moment où il s'apprête à retourner ses malédictions en bénédictions : « Pas besoin de ta bénédiction, ils sont déjà bénis ! »

 

Non.

 

Il y faut du caractère, une force d'âme, ainsi que des boussoles intérieures dont le futur auteur de Mort et vie d'Edith Stein était visiblement démuni et dont il eut à s'équiper. (…)

 

Et puis il y faut un changement profond de l'âme, une conversion intellectuelle – et ce mouvement-là, ce creusement, cette plongée silencieuse dans les ténèbres de soi ainsi que dans la lumière des textes qu'il avait haïs de manière si vile, je suis mieux placé que beaucoup pour savoir, en revanche, avec quelle opiniâtreté il s'y est engagé. (…)

Je crois au repentir.

 

Je crois à la réparation.

 

Et quand un homme, tout homme et donc, aussi, un écrivain donne les preuves de sa volonté de rédemption, quand il s'engage, avec probité, dans le corps à corps avec ses démons, je pense qu'il est juste de lui en donner acte, de lui tendre loyalement la main et, si on le peut, de l'accompagner. »

 

 

On pleure déjà dans les chaumières !

 

 

Il reste cependant une question sans réponse. BHL, l’Union des étudiants juifs de France, la LICRA et d’autres cénacles si prompts à dénoncer toute manifestation d’antisémitisme et surtout toute critique à l’égard de la politique israélienne défendent bec et ongle un personnage dont son éditeur lui-même prétend qu’il est un fasciste. Moix manifestant un philosémitisme touchant à un intégrisme presque religieux garde toujours grâce à leurs yeux. Pourquoi ?

 

 

Sans doute fallait-il sauver le soldat Yann Moix pour préserver l’aura du cardinal BHL qui a manifestement fait une erreur de casting. A moins que ?

 

 

Non, décidément, je préfère de loin le « Gris » de Michel Warschawski à cette sinistre mascarade germanopratine.

 

 

 

Pierre Verhas

 

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commentaires

B
Portrait assez complet de cette ordure.<br /> Merci !
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