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19 août 2024 1 19 /08 /août /2024 09:39

 

 

Disparition d’Alain Delon

 

Un acteur de valeur dont je ne partage pas les valeurs… Alain Delon était incontestablement un des plus grands acteurs français. Sa vie mouvementée correspondait à son personnage. Cependant, il adhérait aux idées de l’extrême-droite tout en ne s’y étant jamais engagé. Il fréquentait aussi des milieux interlopes et il fut mêlé à un scandale qui tentait de salir l’épouse de l’ancien président Pompidou.

 

 

 

Alain Delon n'hésitait pas à fréquenter Jean-Marie Le Pen avec qui il entretenait manifestement d'excellentes relations.

Alain Delon n'hésitait pas à fréquenter Jean-Marie Le Pen avec qui il entretenait manifestement d'excellentes relations.

 

 

 

Le crédit privé : la folie de l’ultralibéralisme

 

La presse financière dont le quotidien belge « l’Echo » s’inquiète de l’important développement de ce qu’on appelle le crédit privé.

 

Kesako ?

 

Pour comprendre, d’abord un peu d’histoire.

 

La crise financière qui a commencé non pas en 2008, mais en 1971 quand Nixon, au vu du colossal déficit américain, mit fin à la convertibilité du dollar, rompant ainsi unilatéralement les accords de Bretton Woods pris à la fin de la Deuxième guerre mondiale.

 

À partir de ce moment, la société occidentale vécut sur le crédit. Les Etats s’endettèrent. On força les pays du Tiers-monde à recourir encore plus à l’emprunt via la Banque mondiale. D’abord, l’économie s’emballa, puis elle connut petit à petit une récession à cause de l’augmentation des prix du pétrole et des matières premières qu’on compensa par un recours de plus en plus massif au crédit. Les déficits publics commencèrent à prendre des proportions inquiétantes. C’est alors que l’on recourut à la politique de l’offre, ou au néolibéralisme. Ce furent les années Reagan – Thatcher. Ce fut le début du dégraissage de la sécurité sociale, le blocage des salaires, la réduction des dépenses publiques, les privatisations, les compressions des coûts, notamment par les délocalisations. Une véritable entreprise de désindustrialisation de l’Europe, de démantèlement de la puissance publique, d’exploitation du Tiers-monde fut lancée. La chute des démocraties populaires et de l’Union soviétique accéléra ce mouvement. Ce fut aussi le « choc des civilisations » qui servit de prétexte à une offensive américaine au Moyen-Orient et en Asie occidentale pour le contrôle des réseaux amenant le pétrole et le gaz naturel en « Occident ».

 

 

Tout cela s’est accompagné d’une offensive idéologique. Les médias atterrirent entre les mains des grands groupes financiers qui orientèrent le contenu rédactionnel vers les « valeurs » du néolibéralisme et la critique de l’Etat. Les intellectuels devinrent les prêcheurs de l’idéologie nouvelle. Les universités formèrent des jeunes élites tout à fait acquises aux nouvelles normes de pensée. On prenait prétexte du terrorisme pour restreindre les libertés. On aboutissait ainsi à la « fin de l’histoire » : une société libérale qui règne sur le monde entier.

 

Mais, cela ne s’est finalement pas déroulé comme prévu. Le système s’est grippé. Le crédit ne pouvait durer une éternité. Comme toujours, la facture finit par arriver.

 

En 2008, le point de déséquilibre fut atteint. Ce furent d’abord les fameuses bulles : la bulle Internet – on a investi dans du vent, c’est-à-dire les prévisions d’un éclatement des ventes de produits courants via la toile – suivie des bulles immobilières, des bulles des actifs. En clair, un formidable mouvement de ventes et d’achats d’entreprises, d’immeubles de toutes sortes s’est déclenché au début des années 2000 sans qu’il y ait compensation réelle, puisqu’on payait via du crédit, autrement dit du papier-monnaie créé par les organismes financiers privés. Désormais, battre monnaie n’est plus un droit régalien.

 

Cependant, ce furent les Etats qui sauvèrent les banques en les renflouant. Le système était sauvé ! Mais, l’endettement public – particulièrement celui des Etats-Unis – s’est dangereusement accru. La croissance a repris, mais la casse sociale s’est poursuivie et la puissance publique est victime du désinvestissement. Cependant, seize ans après, on reste à la merci d’une nouvelle bulle. C’est ce que craint Xavier Vlassenbroek dans le journal l’Echo (édition électronique du 16 août 2024).

 

« Dans l'ombre du système bancaire, le marché du crédit privé ne cesse de croître. Tout comme les préoccupations des régulateurs, qui y voient un nouveau risque majeur pour la stabilité financière. En particulier si une récession devait se matérialiser.

 

Les actifs cotés en bourse, tels que les actions et les obligations, constituent généralement l'essentiel du portefeuille des investisseurs particuliers, que ce soit au travers de leur banque, leur courtier en ligne ou leurs fonds de placement. S'y ajoutent, en faible proportion, des devises étrangères, ou quelques actifs "alternatifs", comme des investissements dans des infrastructures, de l'immobilier ou encore des matières premières.

 

Les gros bonnets tels que les fonds de pension, les compagnies d'assurance, les hedge funds ou les family offices, eux, ont depuis longtemps compris qu'il y avait aussi de l'argent à se faire sur les marchés dits "privés". Il s'agit là d'actifs qui ne sont pas cotés en bourse, dont les prix fluctuent de manière discontinue, et qui ne sont habituellement accessibles qu'aux investisseurs institutionnels.

 

D'après McKinsey & Company, les marchés privés pesaient 13.100 milliards de dollars à la mi-2023, forts d'une croissance de 20% par an en moyenne depuis 2018.

D'après la firme de consultance McKinsey & Company, les marchés privés pesaient 13.100 milliards de dollars à la mi-2023, forts d'une croissance de 20% par an en moyenne depuis 2018. En avril dernier, le cabinet d'audit EY évaluait même ce chiffre à 24.400 milliards de dollars.

L'énorme écart entre ces valorisations s'explique par la difficulté d'évaluer, de recenser et de catégoriser ces actifs, qui n'ont une valeur "de marché" que lorsqu'une transaction (confidentielle) est révélée. »

 

 

 

Le spectre de la crise financière reste dans les esprits.

Le spectre de la crise financière reste dans les esprits.

 

 

 

Comment fonctionne ce système de crédit privé utilisé par des sociétés d’investissement ?

 

« Le fonctionnement de ces firmes est assez simple. Elles lèvent de l'argent auprès d'investisseurs institutionnels, puis l'utilisent pour acquérir des participations dans des entreprises sous-évaluées ou ayant besoin de restructuration. Ces rachats sont souvent aussi financés par un endettement important, maximisant l'effet de levier. Le but est ensuite de transformer la société pour la rendre plus rentable, afin de revendre la participation après quelques années, avec une plus-value.

En bourse, la valorisation de ces firmes de private equity ne découle donc pas directement de leurs participations, comme c'est le cas des holdings, mais bien de leurs performances opérationnelles. Ces dernières dépendent des frais de gestion annuels payés par les investisseurs institutionnels qui placent leur argent dans leurs fonds, et des profits réalisés sur les plus-values à la vente de participations. C'est ainsi que le groupe CVC Capital Partners, entré à la Bourse d'Amsterdam en avril, est valorisé environ 19 milliards d'euros, mais gère plus de 193 milliards d'actifs, allant de participations dans le prestataire de services de ressources humaines SDWorx, au réseau électrique grec, en passant par les thés Lipton. »

 

Ainsi, nous sommes à nouveau à la merci d’un crash aux conséquences économiques et sociales incalculables. La « mini crise boursière » du début août sur les surinvestissements dans la fameuse « Intelligence artificielle » est sans doute un avertissement. Marx disait que le capitalisme vivait de ses contradictions. Là-dessus, il avait raison !

 

 

Pierre Verhas

 

 

 

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