Quelques heures après l’annonce vendredi 31 janvier 2025 à 22 h 00 d’un accord de gouvernement par son futur Premier ministre Bart De Wever, le leader nationaliste flamand de la NV-A (Nouvelle alliance flamande) premier parti de Flandre et de Belgique, l'eurodéputée française Marion Maréchal (nous voilà !), petite-fille de feu Jean-Marie Le Pen, vice-présidente du parti des Conservateurs et Réformistes européens (ECR), a félicité samedi soir Bart De Wever pour son accession au poste de Premier ministre en Belgique. Elle voit en lui un renfort pour le groupe parlementaire ECR au sein du Conseil européen, dit-elle dans un message sur X, le réseau d’Elon Musk.
La célèbre photographie datant de 1996 montrant le jeune Bart De Wever avec Jean-Marie Le Pen. En 2025, la petite fille de Le Pen, Marion Maréchal félicite Bart De Wever pour son accession au poste de Premier ministre.
L’ECR regroupe différentes fractions d’extrême-droite en Europe dont Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni, le parti du Premier ministre slovaque. La NV-A en fait partie bien qu’elle se prétende démocrate ! Donc, l’ECR sera représenté par trois Premiers ministres au Conseil européen. C’est une première ! L’ECR compte 78 eurodéputés. L’autre formation d’extrême-droite européenne est le groupe ID (Identité et Démocratie) qui comprend le Rassemblent national français, le FPÖ autrichien et aussi le Vlaams Belang, le parti rival de la NV-A, carrément néonazi. Il compte 49 eurodéputés.
Donc, la Belgique s’est dotée d’un gouvernement de droite dure qui disposera d’appuis extérieurs un rien gênants ! Cela n’est d’ailleurs pas nouveau : « Uranopole » avait déjà dénoncé la formation en 2014 du gouvernement surnommé « la Suédoise » dirigé par le libéral Charles Michel où figuraient deux ministres NV-A proches de l’extrême-droite (https://uranopole.over-blog.com/2014/10/l-extreme-droite-est-au-pouvoir-en-belgique.html ) Jan Jambon (Intérieur) et Theo Franken (migration). Comme par hasard, ils se retrouvent tous deux dans le gouvernement Bart De Wever, en des postes importants : le premier aux Finances et le second à la Défense.
Qu’attendre de tout cela ? Comme toujours, le programme d’un gouvernement de droite est de donner la priorité au capital sur le travail, en détricotant la sécurité sociale, en affaiblissant les services publics et en démantelant la fonction publique. Et sur le plan régalien, un durcissement des conditions de migration, des sanctions plus sévères en matière de Justice et une répression accrue dans les domaines sociaux et culturels, ainsi qu’un renforcement du budget de la Défense d’ailleurs demandé par l’OTAN.
Le gouvernement de Bart De Wever composé de ministres NV-A, MR (libéraux francophones), chrétiens francophones et flamands et les socialistes flamands de Vooruit. Jan Jambon NV-A au premier rang à gauche, ancien du gouvernement Michel est ministre des Finances, Theo Francken, lui aussi ancien du gouvernement Michel; au deuxième rang derrière Bart De Wever, est ministre de la Défense. Une continuité !
On constate en plus un affaiblissement des corps intermédiaires (syndicats et mutuelles), des régressions sociales majeures comme la limitation de la durée du chômage, le durcissement des conditions d’asile des migrants ; en matière de Justice, certaines peines alourdies, construction de nouvelles prisons ; le budget, comme dit plus haut, verra une augmentation de celui de la Défense et aussi des restrictions strictes en matière sociale et dans les investissements publics. En outre, il faut noter la touche nationaliste flamande : certaines mesures proposées sont défavorables particulièrement à Bruxelles comme la fusion des six zones de police et la réduction de Beliris qui consiste en une participation de l’Etat fédéral au développement de la capitale, notamment en matière de mobilité.
En matière de pension, ce sera l’encouragement à travailler plus longtemps. D’autre part, ce sera la fin des régimes spéciaux de pension pour les cheminots, les militaires, le personnel de soins de santé.
En droit du travail, on encourage les « flexi-jobs », le travail de nuit et du dimanche. C’est donc progressivement une régression qui se met en marche. Le patron de la FEB (l’équivalent belge du MEDEF) se réjouit et félicite Bart De Wever pour ses « réformes structurelles » ! Le ton est donné…
Le capital se sert donc de la partie la plus radicalement conservatrice du corps politique pour triompher du travail !
Cette description n’est que succincte. Nous nous efforcerons de compléter ce catalogue d’horreurs en les commentant dans les prochains jours et surtout en observant comment tout cela sera appliqué.
Cependant, on peut être certain d’une chose : ce programme fera l’objet d’oppositions dures de la part du monde du travail. Déjà, le 13 février, un grand rassemblement est prévu avec grève générale à l’appui quelques jours après.
Heureusement ! Mais que, pour une fois, en plus de hurler, la gauche adopte une stratégie d’opposition, voire de résistance, efficace et dans la mesure du possible coordonnée. Et pour cela, il faut sortir d’un confortable conformisme pour créer un véritable rapport de forces.
Et là, il faudra travailler dur !
Pierre Verhas