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  • : Le blog de pierre verhas
  • : Blog consacré à l'actualité dans les domaines de la politique et de l'astronomie, vus au sens large. Ce blog n'est pas neutre : il se positionne à gauche, de philosophie laïque et donnant la primauté à l'expérience sur la spéculation. Ce blog est ouvert au débat, à l'exception des invectives, des attaques personnelles et des insultes qui seront systématiquement rejetées afin de permettre à chacun(e) de débattre en toute liberté et dans la sérénité qui n'exclut en rien la passion.
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22 juillet 2011 5 22 /07 /juillet /2011 14:05

Du grand art, il faut le reconnaître ! Le parti chrétien flamand, le CD&V, le parti du Premier ministre Leterme, mais aussi du Ministre – Président du gouvernement flamand, Kris Peeters,  et surtout le grand perdant des élections du 13 juin 2010, a joué sa dernière carte de main de maître.

 

 

 Leterme_Albert.jpg

Albert II et Leterme s'entendent très bien !

 

 

Première étape : Le CD&V laisse faire et encourage même les nationalistes flamands de la NV-A qui finissent par bloquer les négociations pour la formation d’un gouvernement. Le formateur finalement désigné par le Roi, le socialiste francophone Elio Di Rupo, présente sa démission. Albert II laisse sa décision en suspens.

 

Deuxième étape : les négociations reprennent entre sept partis – les quatre partis francophones et trois des cinq partis flamands – la NV-A étant exclue, mais le CD&V refuse de venir à table, car il déclare haut et fort qu’il ne gouvernera pas sans la NV-A. Nouveau blocage.

 

La fête nationale approche à grand pas – le 21 juillet – et il serait de bon ton de voir apparaître une petite lueur d’espoir entre deux nuages de saison. Les médias dramatisent la situation. On attend le discours du Roi, comme celui du Sauveur ! Suspense.

 

 albertII_discours.jpg

Un discours et une dramatisation bien montés

 

 

Troisième étape : le discours d’Albert II – en réalité rédigé sous la direction du Premier ministre Leterme – est diffusé en boucle dès le 20 juillet à 13 heures. Dramatisation : le Roi craint la catastrophe, il se réfère à un constitutionnaliste anglais qui prétend qu’il a le droit « de mettre en garde ». Ce qu’il fit, levant un doigt sévère.

 

L’opinion publique est remontée. En réalité, il n’y a personne au sérail qui est réellement impressionné. Mais, devant une opinion publique désemparée, la classe politique se doit de faire croire qu’elle réagit. Coup de théâtre bien monté : le CD&V fait semblant d’accepter de négocier sans la NV-A.

 

Quatrième étape : le jour de la fête nationale, après le Te deum qui montre combien la Belgique est un Etat laïque, après les flons flons du défilé, les négociateurs reprennent leur boulot avec le CD&V qui s’était d’abord fait quelque peu prier pour faire monter la sauce, et puis, à la sortie, après six heures de palabres, c’est la confusion. Di Rupo se rend chez le Roi. Sa mission est confirmée : on négocie à huit, donc sans la NV-A, le premier parti de Flandre. En prime, le Sire accorde trois semaines de congé à nos excellences épuisées. Il pourra enfin se rendre dans son « çà m’suffit » provençal.

 

 

 

 DIRUPO_Te_Deum.jpg

Elio Di Rupo au Te Deum : la Belgique laïque...

 

 

La boucle est bouclée. Ah oui ! On oubliait. Bien sûr, le tout sera accompagné des réformes socio-économiques « indispensables » - en clair un plan d’austérité – qu’on tentera de faire avaler avant la rentrée.

 

 wouter_beke01.jpg

Wouter Beke (le président du CD&V) aime bien se faire prier : 

il sait qu'il est le maître du jeu.

 

 

Résultat : out la NV-A. Pour faire avaler cela aux partis flamands et en particulier au CD&V qui joue sa survie, il faudra que les francophones fassent toutes les concessions aux Flamands : scission de BHV sans ou avec le minimum de compensations – on se tait dans toutes les langues nationales à ce sujet – une communautarisation partielle et le renforcement des lois linguistiques à Bruxelles, le transfert de compétences fédérales aux régions et la révision de la loi de financement au seul bénéfice de la Flandre.

 

Les francophones ne doivent se faire aucune illusion : les quatre partis flamands qui sont restés à la table ne reculeront pas d’un pouce, sinon la NV-A  ferait un raz de marée en cas d’échec.

 

Donc, après les vacances, énième session : et là, cela passe ou cela casse. Il y a en plus, un hic : au plus les élections communales d’octobre 2012 approchent, au plus rigides se feront les négociateurs.

 

Gageons que cela va encore se casser la figure à moins qu’une des parties – c’est-à-dire la francophone – baisse le pantalon.

 

Comme l’écrit la « Libre Belgique » : « Au 404eme jour après les élections, chacun est donc d'accord pour souligner l'importance de l'accord intervenu ... sur une méthode de travail. »

 

Leterme et l’establishment ont tenté un coup.

 

Bien essayé, mal réussi !

 

Pierre Verhas

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