La énième tentative de conciliation dans la crise belge a évidemment échoué. Il est temps d’arrêter ces négociations qui ne mènent à rien. La mission illusoire ayant pour objet de « concilier l’inconciliable » s’est enlisée.
Dans un « post » précédent, j’écrivais, en septembre, aux négociateurs : « Le compromis, Madame, Messieurs, a ses limites. Au lieu de renier le fondement de notre vie commune, par la dérisoire recherche d’un arrangement sans avenir, au lieu de céder à l’adversaire dans le timide espoir de garder quelques hochets, au lieu de prendre la ridicule posture de « Madame non », ayez le courage de fixer les limites principielles au delà desquelles, c’est le « Non possumus ».
Le 13 juin dernier, Madame, Messieurs, vous avez eu un mandat. Il ne comportait pas le reniement au nom d’un illusoire apaisement. Il vous obligeait à négocier un accord honorable. Et dans l’impossibilité, vous vous seriez grandis en rompant. »
Il n’y eut pas de rupture. Les limites n’ont pas été fixées. Le roi est nu. Pendant ce temps, le monde évolue dangereusement. Nos conquêtes sociales sont menacées par le néolibéralisme triomphant. La liberté est petit à petit grignotée par le poids de la pensée unique ne souffrant aucune contestation et par des mesures restrictives motivées par de soi-disant « louables intentions ». Les négociateurs viennent de montrer que la Belgique n’existe plus car ils n’ont ni le courage, ni les capacités de définir son avenir.
Alors, quoi ? L’Etat Belgique est agonisant. Les régions et les communautés sont des constructions branlantes. Les institutions sont paralysées. Ces structures sont inaptes à répondre aux défis du temps : crise financière et monétaire, régression sociale, conflits internationaux. L’Etat est en voie de disparition et l’histoire ne ressuscite jamais le passé. Il reste donc une voie : l’Europe. Cependant, elle est encore dominée à la fois par d’autres Etats déliquescents et imprégnée de l’idéologie néolibérale.
C’est donc le combat d’aujourd’hui. Une Europe politique et sociale. Il est à une échelle supranationale. Nous devons nous y préparer si nous voulons sauver l’essentiel et peser sur le cours des choses.
Quant à ce qui subsiste de la Belgique, elle a, paraît-il, un vrai faux gouvernement qui fonctionne vaille que vaille. Bah ! Rien vaut mieux que moins que rien.
Pierre Verhas