Florence Hartmann, journaliste au « Monde » et ex porte-parole du Tribunal Pénal International pour l’ex-Yougoslavie, était une collaboratrice zélée de l’ex-procureur Carla Del Ponte qui a fait les dégâts que l’on sait.
La journaliste française est aujourd'hui assise sur le banc des accusés, devant ce Tribunal
qu'elle a défendu avec tant de vigueur pendant sept ans, jusqu'en 2006. Accusée d'outrage au Tribunal parce qu'elle aurait révélé des informations secrètes, elle risque une forte amende ou une
peine de sept ans de prison, voire les deux. Dans Paix et Châtiment, son livre paru en 2007, elle a dévoilé le contenu de deux décisions confidentielles rendues par des juges d'appel le
20 septembre 2005 et le 6 avril 2006, tout en soulignant justement leur caractère secret. Ces informations auraient porté sur le traitement réservé par le Tribunal à certains documents, dont les
minutes de certaines réunions du Conseil suprême de la défense de Serbie (SDC) pendant les guerres en ex-Yougoslavie dans les années 1990. Ces documents recèleraient des données cruciales quant à
l'implication de Belgrade dans ces conflits.
Si Florence Hartmann n'est pas la première journaliste à être accusée d'outrage au Tribunal par la cour, elle est la première ancienne employée du TPIY à se retrouver dans cette position. En tant
que porte-parole de l'ancien procureur Carla Del Ponte, il est évident qu'elle avait accès aux documents sensibles et confidentiels que détenait la cour. Tout tribunal, y compris celui de La
Haye, doit disposer de moyens pour éviter de telles fuites. Cela est normal si ces moyens sont utilisés à bon escient. Or, devant l'inculpation de Florence Hartmann, on peut se demander ce que le
Tribunal cherche vraiment à protéger dans cette affaire.
Ce livre est mauvais. Il pêche par omission. Il soutient une seule thèse : Milosevic est le seul responsable du conflit et des génocides qui en suivirent. Elle dresse un portrait dithyrambique de Carla Del Ponte. Ce fut une Justice guère sereine, c’est le moins qu’on puisse dire.
Il n’empêche, comme disent souvent les journalistes, Florence Hartmann risque sept ans de
prison au TPIY. On peut se poser deux questions : cette peine n’est-elle pas excessive ? D’autre part, il ne s’agit pas d’un crime de guerre, n’est-ce pas à un tribunal hollandais
ordinaire de juger le comportement de Florence Hartmann.
De plus, les journalistes devraient savoir qu’ils jouent un jeu dangereux en acceptant ce genre de mission de porte-parole d’un pouvoir quelconque. C’est une confusion des genres qui peut porter sérieusement préjudice à la liberté de la presse et à sa crédibilité.
Ce n’est pas une raison pour accepter une injustice notoire.