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6 février 2009 5 06 /02 /février /2009 21:18

La France catholique ne parviendra jamais à se débarrasser de son vieux fond antisémite. La classe intellectuelle germanopratine garde sa verve sartrienne envers et contre tout. Cela ferait sourire si cela ne prêtait à conséquences.

 

On assiste depuis longtemps au curieux spectacle de cette guerre qui divise la société française depuis la Fronde. Le dernier ouvrage de Pierre Péan, « le monde selon K. » (Fayard éditions, 2009) où il tente de déboulonner la statue kouchnérienne en provoquant la réaction indignée des intellos parisiens branchés en est le nouvel épisode.

 

Pierre Péan est loin d’être un exemple d’honnêteté intellectuelle. Il s’attaque méchamment à la classe intellectuelle parisienne. Il a rappelé ce que tout le monde savait sur les accointances pétainistes de François Mitterrand. Il s’est attaqué à la « forteresse » « le Monde ». Il a émis l’hypothèse d’un double génocide au Rwanda en dépit de tous les témoignages. Aujourd’hui, il s’attaque à l’inénarrable Kouchner. Son ouvrage contient des vérités connues, quelques vérités inédites et beaucoup d’approximations saupoudrées de plusieurs mensonges.

 

Sur le fond, Péan marque incontestablement des points. L’engagement de Kouchner au Kosovo fut loin d’être innocent. Il favorisa systématiquement les Albanais au détriment des Serbes. Il sélectionna les lieux sinistrés à aider. Cela commença par le Biafra en passant par la Somalie avec la rocambolesque mise en scène des sacs de riz,  pour se terminer au Darfour. Systématiquement il prit fait et cause pour des guerres régionales qui correspondaient aux intérêts de Washington. Il ne fut pas l’inventeur du fameux concept de « droit d’ingérence humanitaire » mais il le reprit à son compte en s’aidant des médias. C’est la méthode Kouchner.


Il évoque un autre aspect de la personnalité du French doctor avec la nomination de son épouse Christine Ockrent, dit « la reine Christine », à la tête de l’audiovisuel mondial français, nomination digne « d’une république bananière ». Ses tentatives pour être nommé professeur de médecine en usant des moyens de pression de son ministère, ses collusions financières avec les dictateurs africains suffiraient à jeter l’individu aux oubliettes de l’histoire.

 

Cependant, et c’est là l’intérêt du livre de Pierre Péan, c’est toute l’idéologie que son action véhicule. Kouchner est un soixante-huitard qui a viré quelques temps au gauchisme puis à ce qu’on appelle la « gauche américaine » depuis la fin de la guerre froide. L’humanitaire que Kouchner a sans doute abordé avec sincérité à ses débuts est vite devenu un instrument politique. On se met du côté du plus fort, celui qui a vaincu le communisme, c’est-à-dire l’Amérique. Avec l’aide de BHL qui sera  sa caution idéologique, Kouchner milite dans le cadre d’une vision simpliste du monde partagé entre le Bien et le Mal. C’est l’idéologie néoconservatrice de la fin de l’histoire, du choc des civilisations. On cautionne ce néo-colonialisme destiné à asseoir la puissance américaine : les interventions en Bosnie, en Afghanistan, en Irak. D’ailleurs, comme ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner réforme le Quai d’Orsay de fond en comble. Finie la diplomatie classique de représentation nationale pour les transformer en militants de la cause euro-atlantiste. Il casse la « diplomatie d’influence » française en démantelant les représentations culturelles au moment où les anglo-saxons et les Chinois les développent de leur côté. On voudrait tuer la culture française (nauséabonde et pétainiste par définition) qu’on ne procéderait pas autrement. Il y a donc chez Kouchner une nette volonté de détruire le concept de nation européenne, d’opposition à la construction d’une Europe politique au profit d’une zone de libre échange européenne dont  bénéficieront les Etats-Unis d’Amérique. C’est tout cela que dénonce Péan. Il a raison, mais le ton et les expressions utilisées déforcent sa pensée et jettent de l’eau au moulin de ses adversaires.

 

Les amis de Péan et lui le nient, mais reprendre des expressions issues tout droit du langage maurassien comme « cosmopolitisme anglo-saxon » relèvent d’une culture antisémite bien ancrée. Pourquoi ne pas parler de « l’occidentalisme » ou de la « mondialisation ». Cela veut dire la même chose et ce n’est pas un langage sulfureux qui tue tout débat serein.

 

Ce sont les termes dont use Hubert Védrine qui fut le meilleur ministre des affaires étrangères français depuis trente ans. Il avait pourtant fait la leçon à Kouchner. Pierre Péan relate ceci : « Bernard Kouchner rapporte à ce sujet une conversation intéressante avec Hubert Védrine :

 

« - Etais-tu hostile aux bombardements ? lui demande le French doctor. (Il évoquait les bombardements américains de Belgrade pendant la guerre du Kosovo)

 

«  - Nous aurions pu et dû signer à la conférence de Rambouillet.

 

«  - Avec Milosevic pour qu’il ait les mains libres au Kosovo, en reniant une fois de plus sa signature ? Le droit d’ingérence avance, Hubert, une conscience internationale des droits de l’homme se développe, une mondialisation des énergies !

 

«  - Je m’en méfie. Les nations restent la clé ! répond le chef de la diplomatie. Les nations restent la clé, pas les émotions des téléspectateurs ! »

 

Deux conceptions du monde antinomiques ; Deux visions de l’histoire.

 

Les dirigeants du PS français surnommaient à l’époque le French doctor « Koukouchpanière ». Espérons qu’il soit mis à pied avant qu’il n’ait fait trop de dégâts.

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