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1 octobre 2012 1 01 /10 /octobre /2012 17:45

  

 

Voici un court article de Bernard Cassen [[1]], sur le vrai maître de l’Union européenne, le gouverneur de la Banque Centrale Européenne, Mario Draghi. Ce banquier de haut vol a été évoqué à plusieurs reprises sur « Uranopole ». Il fut le vice-président de Goldman Sachs pour l’Europe au moment où cette banque américaine trafiqua les comptes de la Grèce pour qu’on ne puisse détecter le niveau inquiétant de son endettement. Ajoutons que Goldman Sachs joua un rôle fondamental dans la crise financière de 2007-2008.

 

La BCE s’est engagée récemment, par la voix de Draghi, à racheter les titres de la dette souveraine des Etats de l’Eurozone, après avoir emprunté aux banques au taux de 1 % des titres de dettes souveraines qu’elles prêtent aux Etats aux taux prohibitifs du marché. Tout cela sans susciter la moindre réaction des autorités européennes.

 

Bernard Cassen montre en quelques lignes qu’au fur et à mesure des décisions d’austérité prises par les autorités européennes, la démocratie s’éloigne. Une caste dangereuse s’empare des leviers de pouvoir au niveau européen pour consolider son emprise et disposer de tous les moyens financiers au détriment de l’économie et des peuples européens.

 

Le combat est loin d’être terminé !

 

Pierre Verhas

 

Cet article a été publié par Mémoire des Luttes (http://www.medelu.org/) et repris sur le blog de Bernard Gensane (http://bernard-gensane.over-blog.com/)

 

 

 

 

Draghi-_Mario.jpg

Mario Draghi, le sauveur suprême de l'Europe, aura sans doute,

un jour, des comptes à rendre.

 

 

On n’enseigne pas les chants révolutionnaires, et en particulier L’Internationale, dans les écoles de journalisme. C’est très regrettable car le poème d’Eugène Pottier, écrit en 1871, reste d’une grande actualité. Par exemple ces deux vers auxquels tout démocrate ne peut que souscrire : Il n’est pas de sauveurs suprêmes/

Ni Dieu, ni César, ni tribun. Il suffit de remplacer « tribun » par « banquier » – ce qui ne dénaturera pas le message – pour montrer le caractère inquiétant du concert de louanges qui a accueilli la récente décision du président de la Banque centrale européenne (BCE) de racheter en quantité illimitée des titres de la dette souveraine des pays (notamment l’Espagne et l’Italie) auxquels les marchés financiers imposent des taux d’intérêt exorbitants.

Il ne s’agit pas ici de s’attarder sur le contenu de cette décision dont nombre d’économistes, notamment Jacques Sapir [[2]], ont montré le véritable objectif : imposer partout des politiques d’austérité en plaçant quelques nouveaux pays de la zone euro sous la tutelle des la « troïka » BCE/FMI/Commission européenne. La question posée est autrement plus grave : c’est celle de l’incompatibilité désormais aveuglante entre les politiques européennes et la démocratie. Les grands médias – comme l’ensemble des « élites » – ont déjà choisi leur camp : non seulement la plupart d’entre eux ne s’indignent pas de voir des pays autrefois souverains réduits au statut de républiques bananières, mais ils se félicitent que l’Europe ait enfin un patron tout-puissant, un sauveur suprême. Son nom : Mario Draghi, président de la BCE.

A la lecture de certains textes, les nostalgiques du culte de la personnalité d’avant la déstalinisation rajeuniront d’un bon quart de siècle. Témoignage, parmi beaucoup d’autres, de cette nouvelle idolâtrie, cet éditorial de l’hebdomadaire Le Point [[3]] : « Le seul, le vrai patron de la zone euro, c’est lui. On s’en était aperçu fin juillet quand, d’une seule phrase rassurante sur l’avenir de l’euro, il avait fait s’envoler les marchés. La crainte que l’on peut avoir, c’est que d’une autre phrase, il signe l’arrêt de mort de la monnaie unique. Sans que rien ni personne puisse s’y opposer. Super-Mario ». On a bien lu : un seul homme, qui ne s’est jamais présenté à une quelconque élection, détient entre ses mains le sort des 330 millions d’habitants de la zone euro. Et cela sans que les chefs d’Etat et de gouvernement, les présidents du Conseil européen, de la Commission, du Parlement européen et de l’Eurogroupe, ni non plus les parlements nationaux ou le Parlement européen s’en émeuvent.

Comment d’ailleurs le pourraient-ils ? Ce sont eux qui ont élaboré, voté et fait voter les traités sacralisant l’indépendance de la BCE, et qui ont ainsi placé le pouvoir financier au-dessus de la souveraineté populaire et du suffrage universel. Dans un discours qu’il avait prononcé pendant sa campagne électorale, mais qu’il a relégué aux archives depuis son élection, François Hollande avait déclaré : « Mon adversaire n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti. Il ne sera pas élu, et pourtant il gouverne. C’est le monde de la finance ». Le président de la République se trompe : en Europe, le monde de la finance a un nom et un visage, ceux de Mario Draghi, ancien dirigeant de Goldmann Sachs. Il n’est pas élu et il gouverne. Pour l’édification des citoyens qui, il y a un an, ignoraient encore tout de lui, pourquoi ne pas afficher son portrait dans tous les bâtiments publics européens ?

 



[1] Bernard Cassen, né le 2 novembre 1937 à Paris, directeur général du Monde diplomatique jusqu’à janvier 2008, est journaliste. Président d'honneur de l'organisation altermondialiste Attac-France, il a joué un rôle essentiel dans la création et le démarrage de cette association, d'abord en France puis pour son extension au plan international.

[2]  « Mario Draghi ou le pompier pyromane » : http://www.medelu.org/Mario-Draghi-ou-le-pompier

 

[3] « Draghi, notre vrai patron », tel est titre d’un éditorial de l’hebdomadaire Le Point (6 septembre 2012).

 

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C
Voir Blog(fermaton.over-blog.com)No.21- THÉORÈME des POUVOIRS. - Le pouvoir une folie ?
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