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  • : Le blog de pierre verhas
  • : Blog consacré à l'actualité dans les domaines de la politique et de l'astronomie, vus au sens large. Ce blog n'est pas neutre : il se positionne à gauche, de philosophie laïque et donnant la primauté à l'expérience sur la spéculation. Ce blog est ouvert au débat, à l'exception des invectives, des attaques personnelles et des insultes qui seront systématiquement rejetées afin de permettre à chacun(e) de débattre en toute liberté et dans la sérénité qui n'exclut en rien la passion.
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22 septembre 2023 5 22 /09 /septembre /2023 13:39

 

 

Ce titre est une hérésie en physique, mais malheureusement, une réalité dans la vie sociale. Les manifestations d’obscurantisme sont de plus en plus fréquentes et violentes. On connaît depuis longtemps celles de l’islamisme qui sont constantes et les autorités politiques y réagissent de manière inappropriée par des interdictions souvent difficilement applicables. Aujourd’hui, c’est l’intégrisme catholique qui se réveille.

 

 

Il se réveille par la pire des violences : le feu. Six écoles ont été incendiées de nuit à Charleroi et deux à Liège. Ces forfaits sont signés. Leurs auteurs sont des extrémistes religieux hostiles à l’EVRAS et non de simples délinquants comme l’affirme sans preuves l’ineffable président du MR (parti libéral de droite) Georges-Louis Bouchez dit GLOUB. Caroline Désir, la Ministre socialiste l’Education nationale francophone a aussitôt réagi avec virulence : c’est « l’alliance des milieux religieux intégristes musulmans comme catholiques avec l’extrême-droite politique. » dénonce-t-elle avec force.

 

 

 

Caroline Désir, ministre socialiste de l'Education nationale francophone tient bon dans l'adversité face aux tenants de l'obscurantisme.

Caroline Désir, ministre socialiste de l'Education nationale francophone tient bon dans l'adversité face aux tenants de l'obscurantisme.

 

 

 

Le feu est l’arme des intégristes religieux. Le feu est purificateur. C’est le retour des bûchers de l’Inquisition destinés à purger l’hérésie des âmes en brûlant l’hérétique. Cette abomination de l’esprit existe encore de nos jours. Rappelons-nous le film de Martin Scorcèse « La dernière tentation du Christ » réalisé en 1988. Il fit l’objet d’une très violente contestation de la part des intégristes religieux de toutes obédiences. Des salles de cinéma projetant cette œuvre furent incendiées.

 

 

Il en va de même 35 ans plus tard avec l’EVRAS. Des écoles en feu pour marquer les esprits au risque de tuer. Et il y a un autre point commun avec « La dernière tentation du Christ » : la haine de la sexualité qui s’accompagne chez tous ces fanatiques d’une marginalisation de la femme, objet de tentations coupables !

 

 

 

Le film de Martin Scorcese"La dernière tentation du Christ fit l'objet de l'opprobre violente des fanatiques chrétiens.

Le film de Martin Scorcese"La dernière tentation du Christ fit l'objet de l'opprobre violente des fanatiques chrétiens.

 

 

 

Mais qu’est-ce que l’EVRAS ?

 

 

L’EVRAS pour l’Education à la Vie Relationnelle, Affective et Sexuelle est une méthode éducative qui, pour ses auteurs, permet une meilleure vie sociale à l’école, dans la famille et dans la société. Ce projet a été coulé en force de Décret le 7 septembre.

 

« Le projet de décret validant l’accord de coopération entre les gouvernements de la Fédération Wallonie-Bruxelles, la Région wallonne et la Commission communautaire française relatif à la généralisation de l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle a été approuvé jeudi en séance plénière du parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles à l’unanimité, moins trois abstentions chez Les Engagés (René Collin, Pierre Kompany et Mathilde Vandorpe).[tous trois catholiques membres des « Engagés »]

 

 

Depuis cette rentrée scolaire, tous les élèves de la Fédération Wallonie-Bruxelles de 6e primaire et 4e secondaire recevront une animation relative à l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (Evras). Ils recevront une seule animation de deux heures. Cela concerne 85.000 élèves en Wallonie et 25.000 élèves à Bruxelles.

 

 

Les entités francophones du pays ont convenu de mobiliser un budget annuel de 4,8 millions d’euros à cette fin. » (La Libre Belgique du 8 septembre 2023)

 

 

Cette nouvelle disposition a fait l’objet de discussions, de concertations pendant plusieurs années. La contestation des ultras porte avant tout sur le caractère obligatoire de ces animations éducatives qui ne sont pas des cours et non sur le texte du Décret, mais sur un guide de 300 pages destiné aux éducateurs professionnels qui feront ces animations. Rappelons que le Décret prévoit deux animations de deux heures à la 6e primaire et une seconde à la 4e secondaire. On en fait un tapage pour deux heures d’animation sur deux années scolaires éloignées !

 

Cela prouve qu’EVRAS est un prétexte pour imposer, par la violence s’il le faut, une éducation religieuse aux mains des clergés essentiellement le catholique et le musulman.

 

 

Quelques semaines avant l’adoption du Décret, une campagne très bien organisée de désinformation sur l’EVRAS fut lancée. Voici ce qu’en dit la très catholique « Libre Belgique » :

 

« En vérité, le programme Evras n’est pas un cours à proprement parler mais une animation de quatre heures. Deux sont données aux élèves de sixième primaire (qui rentrent dans la puberté) et deux autres aux élèves de quatrième secondaire (qui ont leurs premiers rapports sexuels).

 

Ce jeudi matin, Caroline Désir s’est emparée du sujet sur les ondes de la RTBF. Elle met en garde contre cette campagne de désinformation. D’après elle, la manœuvre a pour seul but d’« attiser la crainte et la suspicion des parents sur ce projet. Nos intentions sont nobles. On ne va évidemment pas encourager une hypersexualisation chez les jeunes, on ne va pas susciter une orientation sexuelle ou une identité de genre, on ne va pas donner de cours de pratiques sexuelles. C’est inadmissible de faire peur aux parents sur ce sujet »

 

La ministre de l'Education rappelle que le programme Evras a pour but de protéger les enfants de situations dangereuses ou problématiques et de les rassurer dans les questions qu’ils se posent par rapport à la puberté, en leur apprenant à se respecter soi-même et respecter autrui. » Reconnaissons qu’il s’agit d’un compte-rendu objectif de la part de la « Libre ».

 

On peut faire remarquer aux opposants extrémistes à l’EVRAS qui prétendent agir pour « la protection de l’enfant » dont les parents furent de virulents opposants à la dépénalisation de l’IVG au nom de la vie du fœtus, ne s’insurgèrent guère contre les curés pédophiles qui ont fait et font encore d’énormes dégâts auprès de milliers d’enfants.

 

Ces mêmes opposants répandent dans les réseaux sociaux ou par voie de flyers de fausses informations destinées à diaboliser l’EVRAS. Pour le journal « Le Soir », Il y en a cinq principales :

 

  • Tout ce qui est mentionné dans le guide sera abordé avec les enfants. Faux ! « Si le guide Evras, tel qu’il est accessible en ligne dans sa version finale, mentionne de nombreuses thématiques, cela ne signifie pas qu’elles seront abordées obligatoirement par l’animateur durant les deux heures par an où il sera présent dans les classes. Le document a pour fonction unique de fournir des balises afin de répondre de façon éclairée aux questionnements qui peuvent être apportés au cours d’une activité. »

 

  • L’EVRAS sexualise les enfants. Faux ! « Dans l’acronyme Evras, le « S » pour sexualité est entendu au sens large, et inclut par exemple une dimension relationnelle, sociale, culturelle, philosophique et éthique. Les thématiques autour de la sexualité mentionnées dans le guide s’adaptent en fonction de l’âge des enfants pour qui l’animation est conçue. L’Evras distingue quatre catégories d’âge, soit les 5 à 8 ans, les 9 à 11 ans, ainsi que les 12 à 14 ans et les 15 à 18 ans. Ces catégories prennent en considération les stades du développement psychoaffectif et sexuel. »

 

  • Des animations EVRAS vont avoir lieu dans les écoles auprès d’élèves dès 5 ans. Il s’agit d’une mauvaise interprétation. « Le décret ne prévoit pas de rendre les animations Evras obligatoires dès 5 ans, mais seulement en 6e primaire et en 4e secondaire. » Donc à onze ou douze ans, la période d’éveil à la sexualité et à quinze ou seize ans au moment des premiers rapports. On observe à nouveau la mauvaise foi des opposants qui cherchent à diaboliser l’EVRAS en dénonçant une forme de conditionnement à la sexualité.

 

  • L’EVRAS incite à changer de genre en parlant d’homosexualité et de transgenre. L’homosexualité et le transgenre existent dans la vie et les enfants peuvent y être confrontés. Ne vaut-il pas mieux qu’ils sachent de quoi il s’agit et de ne pas en faire des tabous pour éviter des dérives qui pourraient avoir de graves conséquences ?

 

  • Les animations et le guide EVRAS n’ont pas été conçus par des professionnels de l’enfance. C’est le type même de « fake news », car c’est exactement le contraire. Le but de l’EVRAS est justement de confier cette éducation à des professionnels !

 

Voilà donc les cinq principaux reproches des opposants à l’EVRAS. Il y en a d’autres du même acabit : « Les enfants de cinq ans vont apprendre à se masturber », ou encore : « Les enfants de huit ans devront regarder la pornographie », « On va inciter les enfants à changer de sexe. ». Cependant, quand on entend les ahurissants propos tenus lors de la manifestation du 17 septembre, il y a de quoi être ébahi et inquiet ! C’est le retour à l’ordre moral de sinistre mémoire, la confusion la plus grande, le discours typique de l’intégrisme catholique et de l’extrême droite. Voici un petit florilège.

 

 

 

Les deux personnages organisateurs de la manifestation du 17 septembre tinrent des propos ahusirssants.

Les deux personnages organisateurs de la manifestation du 17 septembre tinrent des propos ahusirssants.

 

 

 

Le « Décret de l’enfer »

 

Deux discours ont été prononcés par des responsables du mouvement, un homme et une femme. Voici ce qu’en dit « Le Soir » : Cette dernière a attaqué dès les premières minutes de son discours les «ultra féministes», l’association Ni Putes Ni Soumises et le Centre d’Action Laique, les qualifiant de « culture de la mort » et les accusant d’avoir « dépénalisé l’IVG en deux trois mouvements sans concertation » (NDLR : si le débat sur la dépénalisation totale de l’IVG a été ouvert au parlement en avril, aucune loi n’a encore été votée), regrettant « étrangement l’absence de droit pour le fœtus ». Le Décret EVRAS est un « Décret de l’enfer » !

 

Cette intervenante a ajouté : Le « lobby LGBT » et la Rainbow House (coupole regroupant plusieurs associations LGBT) ont été pointés du doigt pour avoir acquis « des droits qui n’ont ni queue ni tête ». Les valeurs de la « famille traditionnelle ancestrale » ont été défendues face à « l’idéologie pernicieuse » d’EVRAS.

 

Plusieurs pancartes visant les personnes transgenres (considérées comme « anormales ») des drag-queens, et défendant « un papa et une maman des enfants » ont également été brandies parmi les manifestants. Les discours ont également dénoncé les médias traditionnels et le projet de l’Organisation Mondiale de la Santé « d’imposer un nouvel ordre mondial sexuel ».

 

 

 

Environ 1 500 personnes, musulmans, catholiques ultra, extrême droite se rassemblèrent contre l'EVRAS le samedi 17 septembre à Bruxelles.

Environ 1 500 personnes, musulmans, catholiques ultra, extrême droite se rassemblèrent contre l'EVRAS le samedi 17 septembre à Bruxelles.

 

 

 

Cette manifestation a rassemblé environ 1 500 personnes parmi lesquelles beaucoup de musulmanes et même des délégués de l’extrême-droite française ! C’est loin d’être une mobilisation massive, mais ce mouvement risque de s’étendre, car par la diffusion de ces fausses informations, ils arrivent à inquiéter les parents concernés. On verra quel rôle il jouera lors des prochaines élections. Caroline Désir l’a rappelé : « Voir main dans la main l'extrême droite et des représentants des différentes religions, c'est très inquiétant. »

 

 

La « bête » se réveille à nouveau. Il est encore temps de la réduire en poussières, mais il faut agir vite. Qu’il s’agisse du gouvernement – et semble-t-il, on peut compter sur la ministre Désir –, des associations de parents, d’élèves, d’enseignants, des partis démocratiques et des mouvements laïques, la mobilisation est à l’ordre du jour ! Notre devoir est d’effacer cette ombre qui nous cache les Lumières.

 

 

Pierre Verhas

 

 

 

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commentaires

A
Merci pour cette analyse. Pas question de laisser la "Manif pour tous" et les disciples d'Henri Joyeux tenter d'interférer dans la politique intérieure en Belgique et, en outre, sur base de "fake news".
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