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  • : Le blog de pierre verhas
  • : Blog consacré à l'actualité dans les domaines de la politique et de l'astronomie, vus au sens large. Ce blog n'est pas neutre : il se positionne à gauche, de philosophie laïque et donnant la primauté à l'expérience sur la spéculation. Ce blog est ouvert au débat, à l'exception des invectives, des attaques personnelles et des insultes qui seront systématiquement rejetées afin de permettre à chacun(e) de débattre en toute liberté et dans la sérénité qui n'exclut en rien la passion.
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11 septembre 2011 7 11 /09 /septembre /2011 10:42

Pourquoi des 11 septembre ? Parce que, chaque 11 septembre célèbre la commémoration de deux catastrophes qui ont marqué l’histoire mondiale de ces quarante dernières années. Le 11 septembre 2011, il y a trente sept années après l’assaut de la Moneda – le palais présidentiel de Santiago de Chile – par l’armée chilienne et l’assassinat du Président socialiste élu Salvador Allende. Le 11 septembre 2011, il y a dix années que trois avions se sont écrasés sur les deux tours du symbole du capitalisme, le World Trade Center à Manhattan et sur le centre nerveux de la plus puissante armée du monde, le Pentagone à Washington, faisant environ 4.000 victimes.

 

 11sep005.jpg   Allende.jpg

Les 11 septembre : les attaques contre l'Amérique de 2001, le coup d'Etat au Chili de 1973

 

En dehors de la coïncidence des dates, y a-t-il un lien historique entre ces deux événements ? Oui et il est évident. Dans les deux événements, il y a une intervention majeure des services secrets américains et des néoconservateurs dans le but évident de créer un « nouvel ordre mondial » capitaliste qui s’imposerait partout et marquerait ainsi « la fin de l’histoire ». Effroyable perspective !

 

Dans les deux cas, on a essayé de déformer la réalité. Tout récemment, il a été confirmé que Salvador Allende s’était suicidé après avoir combattu les putschistes. Cette enquête a été générée pour salir sa mémoire et ainsi tenter de réhabiliter Pinochet et ses sbires. Peine perdue ! Le corps d’Allende fut exhumé. Une autopsie fut pratiquée et confirma la thèse du suicide.

  

  

 allende02.jpg

Salvador Allende s'est bien suicidé le 11 septembre 1973.

  

En ce qui concerne les attentats de Manhattan et de Washington, trop de questions se posent sur le déroulement des événements pour accepter sans sourciller la version officielle tant défendue par les médias occidentaux. Il est assez paradoxal de voir les mêmes intellectuels médiatiques (nous ne parlons pas ici de l’ami BHL) fustiger George W Bush et sa politique, tout en défendant bec et ongle la thèse officielle sur le « 9/11 ».

 

Au passage, il y a un autre aspect : les victimes oubliées du World Trade Center, essentiellement des pompiers de New York présentés comme des héros par les médias et les officiels étatsuniens. Bien sûr, on parle des centaines des pompiers morts suite à l’effondrement des deux tours, mais le sort de nombreux travailleurs – pompiers, ouvriers de la construction, agents municipaux, concierges d’immeubles, nettoyeurs de toutes sortes – fut scellé dès le lendemain 12 septembre. Les poussières toxiques générées par l’écroulement des tours flottaient encore dans l’air de Manhattan quand on donna l’ordre au niveau de la mairie de New York comme des entreprises privées de nettoyer le quartier environnant. Ces travailleurs furent gravement intoxiqués et il semble établi qu’un quart d’entre eux ont été atteints d’un cancer ou en sont décédés. Le 19 septembre, Wall Street rouvrit alors que l’air environnant n’était toujours pas purifié. Il y eut évidemment encore plus de pathologies graves parmi les travailleurs de Manhattan. Mais business as usual est bien plus important que la vie de centaines de travailleurs. Il a fallu cinq ans de bataille juridique pour obtenir une indemnisation des malades du 11 septembre et les victimes de cancers ne sont pas concernées, car il n’existe soi-disant pas de preuves d’un lien entre ces pathologies et la pollution toxique qui a envahi Manhattan. ([1])

 

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Pas de couverture maladie pour les héros du 11 septembre

 

« Si de nombreuses théories du complot se sont développées depuis les attaques du 11-Septembre, c'est que de nombreuses zones d'ombre, nourries par les silences et les ambiguïtés du gouvernement américain au lendemain de l'attentat, demeurent. Le rapport de la commission nationale sur les attaques terroristes contre les Etats-Unis, publié le 22 juillet 2004, considéré comme bâclé par beaucoup de familles de victimes, n'a pas répondu aux questions de ceux qui s'interrogent encore sur le déroulé de cette journée. Cet excès de secret et le manque de communication de l'administration Bush n'est pas parvenu non plus à avoir raison de l'obstination des adeptes des contre-théories. » Est-ce un conspirationniste qui a écrit ce texte, ou un adepte de la théorie du complot,  ou un « négationniste », ou un partisan d’Al Qaeda ?  Non, c’est la journaliste Sarah Diffalah dans le Nouvel Observateur du 7 septembre.

 

Il est interdit de critiquer.

 

Depuis que Thierry Meyssan a publié un ouvrage appelé « L’effroyable imposture », où il considère que le Pentagone n’aurait pas été attaqué par un avion civil détourné, démentant la version officielle. Cela déclencha une terrible polémique. Sa théorie a des partisans un peu partout, même parmi plusieurs spécialistes de l’aviation civile (ingénieurs aéronautiques et commandants de bord de Boeings ou d’Airbus). Cependant, Meyssan est un personnage sulfureux. Issu des milieux de gauche gays, il fut exclu pour des raisons encore non élucidées de la Faculté de Sciences politiques de Paris, il fonda le réseau Voltaire pour la liberté d’expression et la laïcité, réseau qui dénonça entre autres l’Opus Dei, le service d’ordre du Front national, etc, mais qui s’est enferré après dans le soutien aux dictatures arabes « laïques » comme islamistes, au nom de « l’anti-impérialisme ». Sa dérive vers le Hezbollah libanais et le régime fasciste iranien permit aux tenants de la version officielle de stigmatiser tout qui émet le plus petit doute sur les événements du 11 septembre 2001.

 

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Thierry Meyssan : un personnage sulfureux qui pose les bonnes questions.

 

Mais est-ce l’auteur ou son œuvre qu’il faut juger ? L’ouvrage de Meyssan a un intérêt : personne n’a répondu sérieusement aux arguments avancés et il pose des questions sur les événements du 11 septembre 2001, leurs origines, leur déroulement, leurs conséquences.

 

Il faut partir d’une évidence : à l’heure actuelle, il est impossible d’avoir une quelconque certitude sur cette tragédie, car de nombreuses informations fondamentales restent encore inaccessibles aujourd’hui et la commission d’enquête sur les attaques du 11 septembre a fait un travail bâclé. Elle ne disposa d’ailleurs pas des moyens suffisants pour faire une enquête approfondie. Aussi, il est inadmissible de traiter de « négationniste » tous ceux – de plus en plus nombreux, d’ailleurs – qui émettent des doutes sur l’origine et le déroulement de ces événements.

 

Mais au-delà de l’aspect factuel qui ne sera pas traité ici, il y a une question fondamentale : pourquoi ces attaques ? Les 11 septembre ne doivent pas être analysés en dehors de leur contexte historique. C’est sans doute cela que veulent éviter les tenants de la thèse officielle en stigmatisant toutes les critiques. La thèse d’un Ben Laden, qui aurait commandé de sa grotte dissimulée dans la « zone tribale » à la frontière afghane, une opération aussi complexe que les attaques de New York et de Washington, relève du mauvais roman. Il est assez piquant de voir les mêmes personnages traiter de « conspirationnistes » et d’adeptes de la théorie du complot, tout qui manifeste son esprit critique en l’occurrence.

 

L’émergence de « l’Etat profond »

 

Mais quel est ce contexte historique ?

 

 

Un livre est particulièrement interpellant. Son auteur est peu connu de ce côté-ci de l’Atlantique. Il se nomme Peter Dale Scott. Il est canadien et vit aux Etats-Unis. Docteur en sciences politiques, il fut diplomate, professeur d’anglais à l’Université de Berkeley et prit conscience très rapidement des enjeux internationaux de la politique américaine. Son livre est intitulé « La route vers le nouveau désordre mondial ». Scott n’est pas un extrémiste. C’est un libéral de gauche tout en n’étant pas engagé en politique.

 

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 Peter Dale Scott : l'inventeur du concept d'Etat profond

 

Scott pose l’hypothèse suivante : il existe deux formes d’Etat dans plusieurs pays du monde et particulièrement aux Etats-Unis : le premier connu de tous est l’Etat public, c’est-à-dire le gouvernement, l’administration, le pouvoir judiciaire, le parlement, le second est ce que Scott appelle « l’Etat profond » qui sert avant tout des intérêts comme ceux des compagnies pétrolières et des grandes multinationales. Cet Etat profond qui représente un danger mortel pour l’Etat public est composé de différents services secrets, comme le plus connu d’entre eux, la CIA qui a été fondée en 1948 initialement pour lutter clandestinement contre le bloc soviétique. Par après, cet organisme échappa au contrôle légal (ou celui de l’Etat public) pour s’intégrer totalement dans l’Etat profond. Il s’agit aussi du fameux complexe militaro-industriel dénoncé par le Président Eisenhower à la fin de son mandat présidentiel en 1960. Rien que cela est une sérieuse épine dans les pieds des partisans de la théorie officielle ([2]).

 

 

Peter Dale Scott explique que tout a commencé au début des années 1960 par la guerre du Vietnam à laquelle il fut un opposant radical. Voici la critique de Bernard Norlain, général aviateur français, ancien chef de cabinet de Michel Rocard, parue dans la revue française de la Défense nationale qui résume bien la thèse de Peter Dale Scott :

 

 

« Partant d’une réflexion sur les États-Unis où les inégalités sociales, la faiblesse de la société civile au niveau fédéral, la puissance des intérêts particuliers, l’auteur, qui n’est pas particulièrement un néoconservateur, mais plutôt un libéral, tendance gauche, dresse un tableau saisissant de ce qu’il appelle l’État profond et de son processus historique où les pouvoirs secrets verticaux se sont emparés de la conduite de l’action publique, et où la prise de décision politique à huis clos accorde la priorité à la sécurité et à la préservation d’intérêts privés particulièrement ceux des exportateurs d’armements et des firmes pétrolières.

 

 

Son analyse est particulièrement pertinente et convaincante dans sa description de la politique du trio Nixon-Kissinger-Rockefeller, censée contrer les progressistes et qui a conduit à renforcer les mouvements réactionnaires islamistes, mais aussi à soutenir les intérêts des pétroliers. Il met en évidence le rôle de Nixon ou plutôt sa paranoïa dans la dégradation du processus bureaucratique et démocratique de mise en œuvre de la politique et dans l’amplification du pouvoir secret. En passant il faut noter une analyse intéressante du Watergate.

 

 

À ce stade apparaît le couple diabolique, aux yeux de l’auteur, Cheney-Rumsfeld et son implication dans la planification du projet ultrasecret de Continuité du Gouvernement (COG) qui cacherait, selon l’auteur, un programme de prise de pouvoir illégal et dont il traite longuement à propos du déroulement des événements du 11-Septembre pour expliquer certaines incohérences dans la version officielle. Il continue sa démonstration avec Ford-Rumsfeld-Cheney, le virage vers le conservatisme et le début de l’envol des budgets de défense. On parle de la BCCI. Puis l’ère Carter-Brzezinski et l’Irangate. Enfin Reagan, Bush et le triomphe des néocons et du couple Cheney-Rumsfeld. Comment ils ont préparé le renversement de Saddam Hussein et comment ils doivent être considérés comme suspects dans le procès des responsables du 11-Septembre. » Pour conclure, Bernard Norlain émet quelques réserves tout en recommandant chaleureusement cet ouvrage : « En conclusion ce livre démêle les intrigues et l’écheveau d’imbrications et de liens, souvent occultes, entre tous les acteurs de ce théâtre d’ombres. On y parle beaucoup de la CIA, en particulier de la collusion historique entre la CIA et l’ISI pour le soutien à l’islamisme dur et aux trafiquants de drogue. Il décrit le long cheminement vers le 11/9. Plus largement ce livre critique le projet américain de domination mondiale, s’appuyant sur une machine de guerre hors de contrôle, et dont la recherche d’ordre et de sécurité produit un désordre et une insécurité accrue. Il s’agit de comprendre comment nous sommes arrivés au désastre du nouveau désordre mondial.

 

 

Vous l’aurez compris ce livre est passionnant, particulièrement en ces temps de Wikileaks. Mais le lecteur armé de son sens critique ne manquera pas de relever le caractère partisan de cet ouvrage ; ce qui fait son charme, mais ce qui peut gêner surtout quand la thèse du complot émerge ici ou là. 

 

 

À ces restrictions près, cet ouvrage étonne par son originalité et sa puissance d’analyse. Il devrait être un ouvrage de référence pour tous les défenseurs de l’État de droit et pour tous ceux qui s’intéressent à l’avenir de nos démocraties. »

 

 

L’autre 11 septembre

 

 

Cette critique élogieuse, avec une réserve que je partage, de la part d’un spécialiste militaire et diplomatique de premier plan, est un gage du sérieux du travail de Peter Dale Scott. Cela dit, on peut émettre une critique plus fondamentale : Scott ne cache pas son opposition au marxisme, aussi même s’il considère que les inégalités sociales sont une des causes principales de l’émergence de l’Etat profond, il n’a pas compris que, dans l’Etat profond, toutes les grandes multinationales – et pas seulement les compagnies pétrolières et d’armement – veulent imposer leur mainmise sur la plupart des Etats, en démantelant l’Etat social.

 

 

Et nous rejoignons ici « l’autre » 11 septembre. Pour l’Etat profond américain qui étendait son influence bien au-delà des frontières des Etats-Unis, l’expérience socialiste populaire de Salvador Allende était insupportable et risquait de compromettre dans le continent sud-américain tous les plans menant au fameux « nouvel ordre ». C’est la CIA qui fut chargée de préparer un coup d’Etat, de retourner l’armée chilienne dont une partie non négligeable était fidèle au pouvoir démocratique et de créer la subversion dans la république chilienne. Ce n’était que poursuivre une entreprise qui avait été entamée ailleurs, notamment en Asie.

 

 

 

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L'armée chilienne aux ordres de Pinochet bombarde

le palais présidentiel de la Moneda le 11 septembre 1973.

 

L’Etat profond n’est pas constitué par les seuls services secrets qui ont échappé au contrôle de l’Etat public. Une de ses plus importantes composantes est intellectuelle et économique. La fameuse école de Chicago de formation d’économistes et de futurs dirigeants de multinationales en est un maillon fort. Naomi Klein dans son ouvrage « La stratégie du choc » cite le fondateur de cette école, Milton Friedman qui écrivit à Augusto Pinochet le 21 avril 1975 : « Si cette méthode de choc est adoptée, il faut, je crois, l’annoncer publiquement et en détail et procéder sans tarder. Plus le public sera pleinement informé et mieux ses réactions en faciliteront l’ajustement. » Friedman fait allusion à sa « thérapie de choc » économique qu’il veut imposer au Chili avec l’aide de la junte militaire. Le tout, bien entendu, est de connaître le sens réel du participe « informé ». Le coup d’Etat préparé par la CIA, approuvé par le tandem Nixon – Kissinger fut expressément violent pour impressionner les esprits, la répression qui s’en suivit fut d’une férocité sans égal. Quant à la thérapie de choc, elle provoqua des dégâts considérables sur le plan social, mais aussi pour l’économie chilienne qui n’en est toujours pas remise aujourd’hui ([3]). Et il existe encore aujourd’hui au Chili, comme ailleurs, de nombreux partisans de ces politiques économiques dévastatrices. Comme nous l’avons déjà évoqué ailleurs ([4]), l’Argentine qui connut une dictature militaire aussi dure que celle du Chili, a évolué différemment et a réussi à réparer les dégâts du néolibéralisme tout en rétablissant et maintenant une démocratie acceptable.

 

En hommage au socialisme démocratique chilien assassiné, la chanson « venceremos ! »

 

http://www.youtube.com/watch?v=BVlNB_7HqbI&feature=player_embedded 

 

 

La restriction des libertés

 

 

Quelles sont aujourd’hui les conséquences de l’action de l’Etat profond ? En prenant l’exemple chilien, il a démantelé par la force l’Etat public chilien et l’Etat social, par le triptyque : privatisation, déréglementation, réduction, voire suppression des budgets sociaux. En prenant l’exemple américain, il a mené à une restriction des libertés par le fameux Patriot Act, permettant ainsi aux autorités de violer la vie privée des citoyens américains. Cette loi renforce les pouvoirs des différentes agences gouvernementales des États-Unis (FBI, CIA, NSA et l'armée). Il s’agit en principe d’une loi d'exception, dont certaines dispositions n'étaient valables que pour quatre années, mais qui sont toujours en vigueur. Sont modifiées, entre autres, les lois sur l'immigration, les lois d'opérations bancaires, la loi de surveillance d'intelligence étrangère. Le Patriot Act crée une nouvelle catégorie de crime : le « terrorisme intérieur ». On peut être accusé de ce type de crime pour la simple consultation privée de documents réfutant la théorie officielle ! Ne lisez donc pas le blog Uranopole !

 

 

 

Sans être juriste, l’on constate que cette loi est très dangereuse par la restriction des libertés, la violation de la vie privée et les atteintes graves à la liberté d’expression. Il faut noter que le Patriot Act, s’il est adopté et prolongé par la majorité au Congrès, est loin de faire l’unanimité de la part de tous les Américains : par exemple, 360 villes américaines refusent de l’appliquer. µ

 

 

Dans la foulée du Patriot Act, d’autres pays ont adopté des lois restrictives de libertés au nom de la « guerre contre le terrorisme ». Ainsi, en Belgique, en 2005, furent proposées par la socialiste Laurette Onkelinx, alors ministre de la Justice, des lois anti-terroristes votées dans la précipitation pour empêcher tout débat digne de ce nom, malgré les sévères objections du Conseil d’Etat et de la Cour d’Arbitrage ([5]). Voici ce qu’Amnesty Belgique a déclaré au sujet de ces nouvelles dispositions :

 

 

« Amnesty Belgique, sections francophone et flamande réunies, s’oppose tout d’abord au rythme imposé par le gouvernement fédéral. Alors que l’arrêt négatif de la Cour d’Arbitrage date du 21 décembre 2004 (il y a un an), le projet n’a été déposé que le 28 octobre 2005 et est censé être voté par la Chambre et le Sénat avant le 23 décembre. Imposer un délai aussi court empêche la tenue d’un véritable débat démocratique qui associe le gouvernement, les groupes politiques du Parlement et les organisations de la société civile.

Pour ce qui est du contenu de ce projet de loi, il a de quoi inquiéter les ONG de défense des droits humains ainsi que les journalistes. En effet, si le Code d’instruction criminelle était modifié dans le sens indiqué par la Ministre de la Justice :

1) La mise en œuvre des techniques policières les plus intrusives dans la vie privée des personnes échapperait au contrôle d’un juge d’instruction dont la fonction est d’instruire tant à charge qu’à décharge et qui à ce titre est véritablement indépendant du parquet et de la police ;

2) Les avocats de la défense n’auraient accès qu’à des dossiers incomplets. En ne reconnaissant pas le droit des prévenus à un procès équitable, le projet de loi déposé par la ministre Onkelinx violerait la Convention européenne des Droits de l’Homme ;

3) Les journalistes et leurs rédactions ne pourraient plus garantir le secret de leurs sources en s’opposant à des perquisitions
. »

 

 

En outre, les Américains ouvrirent le camp de Guantanamo, en dehors du territoire US, pour y détenir des présumés terroristes capturés dans des circonstances obscures, transportés du Moyen Orient par des avions affrétés par la CIA, les autorités des pays survolés fermèrent les yeux. Bush et Rumsfeld autorisèrent la pratique de la torture à Guantanamo. Barack Obama promit de fermer cette prison, mais il n’en eut pas les moyens, étant paralysé par le Congrès. Il y eut aussi à Bagdad la fameuse prison d’Abou Graib utilisée dès 2003 par l’armée étatsunienne pour se livrer à des tortures.

 

 

guantanamo.jpg

Guantanamo : la torture "légale" contre le terrorisme...  

 

Un autre aspect est le mensonge : nul n’ignore aujourd’hui que le mensonge d’Etat devint une véritable institution sous la présidence de George W Bush. Le mensonge sur les « armes de destruction massive » en Irak est un exemple du genre. On sait aujourd’hui que le secrétaire d’Etat à l’époque, Colin Powell, qui fut un grand chef d’état major de l’armée américaine et qui était considéré comme un « présidentiable » fut contraint de se suicider politiquement en proférant ces contrevérités évidentes devant le Conseil de sécurité de l’ONU. Aussi, est-il permis de douter de la parole officielle du gouvernement Bush dans tous les domaines… même si le Patriot Act l’interdit.

 

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Colin Powell sacrifié pour un mensonge

 

L’institution du mensonge

 

 

Les 11 septembre ne sont en définitive que des étapes tragiques de la conquête du monde par l’Etat profond. Ce ne sont pas des complots dans le sens restrictif du terme, mais ils entrent dans une stratégie globale qui devient de plus en plus évidente pour ceux qui exercent leur esprit critique dans leur tentative d’analyse de l’évolution du monde. Le 11 septembre 1973 a été programmé et organisé sciemment pour mettre un terme violent et définitif au socialisme latino-américain. Le 11 septembre 2001 est avant tout dû à des négligences coupables et organisées qui ont baissé la garde des Etats-Unis. Et on peut raisonnablement penser que la crise financière fait aussi partie de cette stratégie.

 

 

Cette tragédie du 11 septembre 2001 n’a pas été organisée par des Américains. Cette hypothèse est tout aussi odieuse qu’absurde, mais elle n’a pas été empêchée par certains responsables qui savaient sans doute ce qu’il risquait de se passer et qui ne se sont toujours pas expliqués sur leur attitude et leurs objectifs réels.

 

 

 

Pierre Verhas

 



[1] . Un ouvrage émouvant a été écrit à ce sujet :  Les héros sacrifiés du World Trade Center, Jacqueline Maurette, Jean-Claude Gawsewitch éditeur, Paris, 2007.

[2] On peut obtenir cet ouvrage via le site des éditions demi-lune : http://www.editionsdemilune.com/la-route-vers-le-nouveau-desordre-mondial-p-36.html. On peut également visionner une vidéo interview de Peter Dale Scott où il parle de sa vie et de son livre : http://www.reopen911.info/video/conversations-with-history-peter-dale-scott-vo-st-en-francais.html

[3] Il est piquant de constater qu’un des principaux maîtres d’œuvre de la politique ultralibérale lors de la dictature militaire fut José Pinera sorti de l’Université de Chicago qui fut ministre de Pinochet et qui est le frère de l’actuel président Sébastian Pinera, qui mène lui aussi une politique ultralibérale qui rencontre cependant une sérieuse opposition par un fort mouvement populaire de contestation dont les étudiants sont le fer de lance.

[4] Voir Uranopole : http://uranopole.over-blog.com/article-la-faute-a-l-euro-79488242.htmloù il y a une analyse du cas argentin.

[5]Aujourd’hui « Cour constitutionnelle »

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