L’avènement de la technocratie
Raymond Debord décrit très bien le contexte du début des années 1930 dans son article « Le planisme des années 1930 : une tentative de socialisme sans le prolétariat ».
« Le discrédit du capitalisme s’accroît et s’accompagne largement de celui du parlementarisme. Le mouvement communiste, auréolé du prestige de l’URSS étend son influence dans les milieux ouvriers. Le fascisme tente de capter la colère de la petite bourgeoisie ruinée. Partout émerge l’idée que seules des solutions résolues, portées par une intervention forte de l’Etat, seront en mesure de fournir des solutions. Ce mouvement touche sous des formes diverses toutes les couches sociales, toutes les sensibilités philosophiques et toutes les forces politiques. Il s’exprime aussi bien par la thématique du « New Deal » chez le démocrate américain Rossevelt que par l’émergence du personnalisme chrétien ou l’emprise du stalinisme. De leur côté des technocrates se demandent si ce n’est pas à eux, plutôt qu’aux capitalistes, que devrait appartenir la direction des affaires nationales.
Au delà des conclusions qui en seront tirées, ce n’est donc pas sans raison que des intellectuels de formation marxiste pourront spéculer à la fin des années 30 sur la « bureaucratisation du monde » (Bruno Rizzi) ou l’avènement de « l’ère des managers » de James Burnham. [C’est la naissance de ce qu’on appellera plus tard la technocratie.]
Un certain nombre de militants socialistes croient constater que le refus de la prolétarisation est le principal phénomène à l’œuvre, dans les classes moyennes mais aussi au delà. Le mouvement ouvrier a perdu son caractère universaliste et les fascistes en tirent profit. Il s’agit donc de faire sortir le socialisme de son éternel écartèlement entre discours maximaliste et compromissions en proposant un ensemble de réformes immédiates mais radicales qui seront appliquées systématiquement : un plan.
Les mesures proposées par les principaux « plans » des années 30, celui du Parti ouvrier belge et celui de la CGT auront en commun de puiser assez largement dans l’arsenal du programme révolutionnaire, en particulier la nationalisation des banques et des grands groupes industriels, tout en évacuant la perspective de rupture avec le capitalisme et par conséquent le Sujet susceptible de la porter : le prolétariat. »
En effet, Henri de Man a dit : « Ce n’est pas par la révolution qu’on peut arriver au pouvoir, c’est par le pouvoir qu’on peut arriver à la révolution »
Si on y réfléchit bien, la technocratie naissante se substitue à la révolution. D’ailleurs, de Man ajoute : « Pour mieux préciser la nature de ce changement, je dirai que, sans renoncer à poursuivre les réformes pour lesquelles nous luttons depuis toujours, et même, au contraire, pour les faire aboutir, il faut que nous poursuivions, au-delà de celles-ci, des réformes d'un caractère nouveau. Je propose, pour mieux fixer les idées, d'appeler ces réformes nouvelles des réformes de structure, pour les distinguer des réformes de répartition pour lesquelles nous avons lutté jusqu'à présent. »
Il en définit ensuite la portée : « Il y a, en effet, deux espèces de réformes économiques. Les réformes de répartition, comme leur nom l'indique, consistent à assurer à une classe de la population, en l'espèce à la classe ouvrière, une part plus grande du revenu national, sans influencer le régime par lequel ce revenu est produit. Les réformes de structure, par contre, consistent à rendre possible une meilleure répartition par la transformation même du régime, dirigé vers un revenu national supérieur, c'est-à-dire vers une production mieux adaptée aux besoins de la consommation et développée parallèlement à ceux-ci. »
La classe ouvrière n’est plus le seul moteur du socialisme.
De Man analyse ensuite les circonstances dans lesquelles le plan peut se réaliser. « Une crise comme celle que nous traversons affaiblit ce que les Anglais appellent notre « bargaining power », littéralement : notre puissance de marchandage; mais, d'autre part, elle augmente formidablement la puissance de rayonnement de nos idées socialistes, c'est-à-dire, en premier lieu, de la rébellion de la raison humaine contre l'absurdité d'un régime qui permet de consommer de moins en moins à mesure qu'il permet de produire de plus en plus et, en second lieu, du désir d'un ordre économique nouveau débarrassé des entraves du monopolisme financier. »
On croirait lire un texte contemporain, tant les situations de 1933 et de 2014 sont semblables. À la différence près que le « rayonnement des idées socialistes » est aujourd’hui bien pâle en Europe. Mais en parlant ainsi, De Man pose le raisonnement suivant : « En d'autres termes, la crise, en créant un état de détresse dont souffrent, outre la classe ouvrière, les classes moyennes et l'immense majorité de la population, nous permet de trouver des alliés pour un programme de réformes de structure que nous ne trouverions pas pour un programme de réformes de répartition. Car les réformes de répartition sans réformes de structure ne peuvent s'exercer au profit d'une classe que dans la mesure où elles réduisent le profit des autres classes. » Et il prend comme exemple les charges sociales qui augmentent avec le chômage des ouvriers et dès lors qui pèsent sur la fiscalité des autres classes sociales.
De Man perçoit la naissance d’une majorité potentielle qui rassemblerait la classe ouvrière et la classe moyenne. La classe ouvrière n’est donc plus le moteur de la révolution, le fer de lance de la construction d’une société socialiste. Elle doit s’associer à d’autres classes sociales pour aboutir aux objectifs qu’elle s’est définis.
« Pour cela, il faut que nous transformions notre front syndical, pratiquement limité à la classe ouvrière industrielle, en un front du travail qui englobe toutes les couches de la population travailleuse, manuels ou intellectuels, salariées ou indépendants, en vue d'une action commune pour la nationalisation du crédit et des monopoles dont il dispose pour la production des matières premières et de la force motrice. »
Cette collaboration entre des classes sociales aux intérêts fondamentalement différents échouera. Il n’y aura jamais d’accords réels entre les organisations de classes moyennes et les organisations syndicales ouvrières. Certes, après la Deuxième guerre mondiale, la concertation sociale sera mise sur pied, mais elle se traduira toujours par une confrontation, un rapport de forces entre patronat, classes moyennes et classe ouvrière.
Un programme tout à fait nouveau
Qu’est-ce donc ce Plan du travail conçu par De Man ? Essentiellement, il s’agit de réformes de structures comme il les appelle de ses vœux.
Il comporte trois points :
« L'objet de ce plan est une transformation économique et politique du pays, qui consiste:
1° A instaurer un régime d'économie mixte comprenant, à côté du secteur privé, un secteur nationalisé qui englobe l'organisation du crédit et les principales industries déjà monopolisées en fait ;
2° A soumettre l'économie nationale ainsi réorganisée à des directives d'intérêt général tendant à l'élargissement du marché intérieur, en vue de résorber le chômage et de créer les conditions d'acheminement vers une prospérité économique accrue ;
3° A réaliser, dans l'ordre politique, une réforme de l'Etat et du régime parlementaire qui crée les bases d'une véritable démocratie économique et sociale. »
La nationalisation du crédit consiste essentiellement en la création d’un institut de crédit de l’Etat chargé d’assujettir les opérations des banques de crédit aux directives du plan. Il ne s’agit donc pas de nationaliser les banques, mais de les mettre sous la tutelle de ce nouvel institut en vue d’éviter que leurs opérations financières aillent à l’encontre des objectifs du plan.
La nationalisation des industries de base se fera comme suit : « Le pouvoir législatif prendra les mesures nécessaires pour organiser en services publics les principales industries monopolisées qui produisent des matières premières ou de l'énergie motrice.
Dans chacune de ces industries, il sera créé un Consortium chargé de la soumettre aux directives du plan. » Ces consortiums auront les mêmes pouvoirs que l’institut de crédit de l’Etat.
Le reste du secteur privé est maintenu sous le régime de la libre concurrence. Les seules restrictions concernent les opérations qui pourraient recréer des oligarchies financières.
Quant à la démocratie économique, Henri de Man voit une réforme institutionnelle en six points :
« 1° Tous les pouvoirs émaneront du S. U. (Suffrage Universel) pur et simple ;
2° L'exercice des libertés constitutionnelles sera pleinement garanti à tous les citoyens ;
3° L'organisation économique et politique assurera l'indépendance et l'autorité de l'État et des pouvoirs publics en général à l'égard des puissances d'argent ;
4° Le pouvoir législatif sera exercé par une Chambre unique dont tous les membres seront élus au S. U. ;
5° Cette Chambre, dont les méthodes de travail seront simplifiées et adaptées aux nécessités de l'organisation sociale moderne, sera assistée dans l'élaboration des lois par des Conseils consultatifs dont les membres seront choisis en partie en dehors du Parlement, en raison de leur compétence reconnue ;
6° En vue d'éviter les dangers de l'étatisme, le Parlement accordera aux organismes chargés par lui de la direction de l'économie les pouvoirs d'exécution indispensables à la rapidité de l'action et la concentration des responsabilités. »
Cet audacieux projet s’inscrivit dans le climat d’antiparlementarisme qui régnait dans l’opinion publique et entretenu par les ligues fascistes comme Rex de Degrelle et le parti nationaliste flamand à connotation nazie, le VNV. Ce rejet de l’institution parlementaire avait aussi un certain succès dans la classe ouvrière. Cela représentait un danger majeur pour l’avenir du POB qui avait tablé toute sa stratégie sur la démocratie parlementaire. Or, en réformant le Parlement par l’instauration d’une Chambre unique (la suppression du Sénat) et en changeant ses méthodes de travail en faisant notamment appel à des compétences extérieures – ce qui est une caractéristique de la technocratie – de Man instaure un nouveau mode de gouvernement.
Henri de Man mit en garde contre la tentation de la multiplication des organismes : « En d'autres termes, outre un plan d'action échelonné sur des années, le plan gouvernemental doit comporter un bloc de mesures immédiates, pour une transformation institutionnelle nettement délimitée à l'avance, mais radicale dans les limites ainsi déterminées.
Il ne s'agira plus, dès lors, de s'arrêter à des solutions ni chair ni poisson, comme celles auxquelles nous avons trop longtemps accordé notre confiance en parlant du « contrôle des banques», du « droit de regard » et d'autres formules analogues.
Le vice fondamental de toutes ces solutions est de manquer leur but en allant trop loin d'un côté et pas assez loin de l'autre.
En augmentant le nombre des conseils et commissions qui partagent la responsabilité des pouvoirs existants sans partager leur autorité véritable, on ne fait que superposer les tares d'un parlementarisme mal compris aux tares d'un capitalisme mal ordonné. »
Cette mise en garde est très pertinente de nos jours où on considère que la défense des services publics consiste à les multiplier, ce qui dilue leur efficacité et ouvre la porte aux privatisations !
Le programme lui-même consiste en six points :
« 1° Une politique de l'épargne tendant à la sécurité des placements et à la répression des manœuvres spéculatives sur le marché de l'argent ;
2° Une politique du crédit favorisant spécialement les branches de l'économie qu'il conviendra de développer pour la réussite du plan ;
3° Une politique des prix organisant la répression des exactions monopolistes et des manœuvres spéculatives sur les marchandises, et tendant à la stabilisation des profits agricoles, industriels et commerciaux ;
4° Une politique du travail tendant à la réduction de la durée du travail et à la normalisation des salaires par l'établissement d'un régime contractuel légal du travail : reconnaissance syndicale, commissions paritaires, conventions collectives, minimum de salaire ;
5° Une politique monétaire qui, tout en sauvegardant les avantages que procurent à la Belgique l'importance de ses réserves d'or et la stabilité de son change, permette d'accroître le pouvoir d'achat des différentes catégories de revenus du travail »
Il s’agit donc, en 1933, d’un programme dont plusieurs points seront repris après la guerre en Belgique comme en France. Le sixième point concernant le commerce extérieur est examiné ci-après.
Le socialisme national
De Man a insisté sur le fait que le Plan du travail ne pouvait s’appliquer qu’au niveau national. Il était opposé à son « internationalisation » car il considérait qu’il fallait en priorité le marché intérieur.
« En somme, le seul moyen dont la Belgique dispose actuellement pour développer son rôle sur le marché mondial, c'est une économie dirigée sur le marché intérieur.
Cela est vrai d'ailleurs à un point de vue universel, le retour au libre-échange étant devenu utopique. La reprise du développement du marché mondial n'est plus possible que par une économie internationale dirigée se basant sur des économies nationales dirigées. »
On est assez loin de la conception actuelle du libre échange qui consiste en une libéralisation généralisée !
De Man ajoute : « le pouvoir de réaliser une action dans ce sens n'existe pas sur ce plan [international]. Il n'existe que sur le plan national. C'est un fait que nous pouvons regretter, mais que nous devons reconnaître ; sans cela on risque de bâtir sur les nuages et, ce qui est pis encore, de s'esquiver devant les tâches nécessaires et possibles en prétextant l'attente de solutions impossibles.
Il suffit de réfléchir un instant pour voir que socialisation internationale est une absurdité ; car toute socialisation présuppose une transformation de régime de la propriété. Cela ne peut se faire que par une action législative, parce que c'est la loi qui fait le droit. Or, il n'existe, ni à Genève, ni ailleurs, sur le terrain international, de pouvoir législatif qui soit en état de faire cela. » (1)
Cette dernière réflexion peut se poser actuellement dans le cadre de la construction européenne. Tant que l’Union européenne ne disposera pas d’un pouvoir législatif digne de ce nom, il sera impossible de faire des réformes de structures à ce niveau.
Cela ne signifie pas que, pour autant, Henri de Man était partisan du protectionnisme. Au contraire, le sixième point du programme élaboré dans le cadre du Plan dispose :
« 6° Une politique commerciale qui, loin de tendre vers l'autarcie, favorise le développement du commerce extérieur, en poursuivant l'intérêt global des consommateurs à des prix de revient modérés au lieu de l'intérêt particulier de certains producteurs à des profits élevés ». Il prônait entre autres la réadaptation des accords commerciaux aux conditions créées par la transformation économique du pays et par les méthodes nouvelles de la concurrence internationale, la reconnaissance de l’URSS, l’intégration du Congo dans l’économie nationale, la lutte contre les mesures de défenses protectionnistes des autres pays. Le bénéfice de cette politique sera consacré à l’instauration d’une assurance sociale pour les travailleurs.
On observe donc qu’il ne s’agit pas d’une politique protectionniste, mais d’une conception des relations commerciales internationales basées sur une transformation des accords commerciaux tenant compte des intérêts propres aux parties contractantes. Quant au Congo, la colonie belge, de Man le voyait comme un acteur destiné à renforcer la puissance économique de la Belgique et non, comme il l’était, la « propriété » des holdings financiers et miniers belges. Ce n’était pas encore l’heure de la décolonisation ! Enfin, l’excédent commercial qui résultera de cette politique servira à financer ce que l’on n’appelait pas encore la sécurité sociale.
La dérive autoritaire
Le POB adopta le Plan comme programme politique. Les nuages commencèrent à s’amonceler sur l’Europe. Henri de Man fut nommé ministre des Travaux publics et de la résorption du chômage au sein du premier gouvernement de coalition avec le catholique de Paul van Zeeland qui réussit à renverser la conjoncture économique.
Aussi, quand Degrelle provoqua une élection partielle à Bruxelles en avril 1937, encouragèrent-ils van Zeeland à relever le gant au nom de l'union nationale. La victoire du premier ministre ouvrirait la voie, pensaient-ils, à un regroupement des forces démocratiques et progressistes au-dessus des clivages traditionnels. Ce n’était qu’illusions ou duplicité ! Très rapidement le gouvernement se débattit dans la crise ouverte par un projet de loi d'amnistie et aggravée par l'affaire de la Banque Nationale relative à l'utilisation de fonds secrets par le premier ministre lui-même. Le gouvernement tomba en octobre 1937.
Pressenti pour résoudre la crise, Henri de Man échoua à cause de l'opposition libérale. Redevenu ministre des Finances dans le cabinet formé par Paul-Émile Janson, il dut faire face à la récession économique en proposant de nouvelles ressources budgétaires par une fiscalité accrue sur les gros revenus. Vivement critiqué par ses adversaires, fraîchement accueilli par ses collègues, malade de surcroît, il démissionna le 12 mars 1938. L'échec personnel d'Henri de Man coïncidait d'ailleurs avec un reflux général des tentatives de rénovation.
Tirant la leçon de son expérience, de Man jugea que le socialisme, en même temps qu'il renonçait au concept marxiste de la lutte de classe et s'affirmait comme un parti de gouvernement, devait abandonner la conception bourgeoise et libérale de l'État au profit de ce que Spaak et lui appelaient la « démocratie autoritaire » avec, notamment, un gouvernement de législature et l'usage du référendum. Ce fut un échec. Cette dérive autoritaire sonna le début de la fin pour Henri de Man. Spaak, quant à lui, dont l’opportunisme n’était plus à démontrer, commença à prendre ses distances avec de Man.
Une conduite lamentable
En 1939, après la mort de Vandervelde, de Man accéda à la présidence d’un P.O.B. divisé. En septembre, il entra comme vice-premier ministre dans le gouvernement d'union nationale d'Hubert Pierlot, mais il le quitta quatre mois plus tard n’étant pas suivi par le Parti dans son obsession de neutralité vis-à-vis de l’Allemagne.
En janvier 1940 il reçut du Roi la mission d'aller se renseigner en Italie sur le bien-fondé de l'avertissement que Ciano avait lancé le bruit de la proximité d'une attaque allemande contre la Belgique. Puis, ayant rejoint l'armée, il dirigea l’œuvre Elisabeth “Pour nos soldats”. Pendant la campagne des dix-huit jours, sans autre fonction bien définie que celle de veiller sur la sécurité de la reine Elisabeth, il approuva la décision de Léopold III de ne pas suivre le gouvernement à Londres pour poursuivre le combat et se rapprocha du roi.
C'est dans l'atmosphère malsaine qui suivit les redditions belge et française qu'Henri de Man écrivit son fameux Manifeste du 28 juin 1940. Pensant que le fascisme pouvait jouer un rôle révolutionnaire en balayant par la force les obstacles qui avaient toujours fait échec à la justice sociale et à la paix européenne, il y présentait “l'effondrement d'un monde décrépit” et “la débâcle du régime parlementaire et de la ploutocratie capitaliste” comme une “délivrance” pour les classes laborieuses. Considérant le rôle politique du P.O.B. comme terminé, il lançait pour finir un appel aux militants socialistes à dissoudre le Parti afin qu'ils entrent dans un parti unique fidèle au Roi et prêt à réaliser la souveraineté du travail. Cela était tout à fait illégal, illusoire et fondamentalement contraire aux principes de base du mouvement ouvrier belge.
Cette conduite lamentable qui menait à la collaboration avec les pires ennemis du socialisme fit d’Henri de Man un paria. Il était désormais isolé. Le roi n’exerçait plus aucun rôle politique, les nazis se méfiaient de lui, ses derniers amis socialistes lui tournèrent le dos. En 1943, il se réfugia en Suisse avec sa femme et décéda en 1953 dans un accident de voiture dont les circonstances n’ont jamais été élucidées.
Cependant, comme nous le verrons dans le dernier volet, le Plan du travail ne disparut pas totalement avec de Man. Bien des éléments furent repris après la guerre, mais la grande réforme radicale qu’il impliquait était à jamais enterrée. La social-démocratie était désormais installée.
Pierre Verhas
(l) Genève était le siège de la SDN (Société des Nations) et du Bureau International du Travail qui avaient été créés après 1918.