Première leçon :
« Ne pas honorer ses créanciers et se déclarer formellement en faillite, c’est un cauchemar, mais il y a un avantage : votre dette diminue, et vous avez l’occasion de retrousser vos manches, de vous donner les moyens d’y arriver et de regagner la confiance des investisseurs potentiels. »
Deuxième leçon (sur l’Europe) :
« Arriver à traiter comme une république bananière un pays européen participant à l’expérience formidable de la monnaie commune revient à condamner une union fondée, en principe, sur la promesse d’une prospérité partagée et d’un respect mutuel. »
Et le professeur Yanis ajoute :
« L’Europe officielle n’a jamais voulu cela. Avant 2008, les élites de Berlin, Bruxelles, Paris et Francfort croyaient dur comme fer à leur rhétorique de même que les élites des Etats-Unis et de la City de Londres : le capitalisme avait donné le jour à la Grande Modération ; les cycles de croissance et de récession appartenaient au passé ; les banques avaient mis au point la méthode magique pour produire des « risques sans risques » et s’autorégulaient à merveille. Les dirigeants pensaient que c’était la fin de l’histoire et que leur job était une forme de micro-management qui se résumait à encourager un système formidable avançant en pilote automatique, dans un sens largement prédestiné et rationnel.
Jusqu’au jour où… »
Eh oui, depuis Thatcher-Reagan, le néolibéralisme a écrasé la machine keynésienne qui avait réussi à reconstruire l’Europe d’après-guerre, contribué à mettre sur pied l’Etat providence et à assurer une prospérité jamais atteinte durant l’ère contemporaine. Un seul point faible cependant : le système keynésien s’appuyait sur le colonialisme, c’est-à-dire des matières premières à bas coût. Lorsque celles-ci, et particulièrement le pétrole, ont vu leurs prix grimper vertigineusement, le système a commencé à gripper. C’est alors que les néolibéraux se sont précipités. Leurs recettes : dérégulations, privatisations, démantèlement de l’Etat social.
C’est donc l’austérité qui est imposée aux pays occidentaux depuis près de quarante ans. Et le professeur Yanis avertit (troisième leçon) :
« L’austérité est une politique économique désastreuse qui (…) est vouée à échouer en temps de récession. Sauf que l’austérité n’est pas une politique économique. C’est une fable morale qui, quand la crise est trop profonde, sert à légitimer avec un parfait cynisme des transferts de richesses de ceux qui n’ont rien vers ceux qui ont tout. »
Venons-en aux faits. Le professeur Yanis se transforme en témoin et acteur politiques, Yanis Varoufakis, l’éphémère premier titulaire du ministère des finances grec du premier gouvernement de Syriza dirigé par Alexis Tsipras.
Il raconte dans son dernier ouvrage « Conversations entre adultes » ce qu’il a vécu lors des négociations sur la dette grecque avec les instances européennes et le FMI. Il commence par remonter aux origines de la crise.
Avant la crise financière de 2008, la Grèce avait la dette la plus forte par rapport à son revenu national. Mais cela n’inquiétait pas outre mesure les autorités européennes. Les choses changèrent par après. La crise dite des « dettes souveraines » s’est invitée à la suite de la crise « financière » et en Union européenne, c’était la Grèce la première visée.
Le professeur Yanis explique d’abord le mécanisme de la dette (quatrième leçon) :
« Les Etats ne remboursent jamais leur dette. Ils la reconduisent, c’est-à-dire qu’ils la repoussent à l’infini et ne paient que les intérêts de leurs prêts. Tant qu’ils y parviennent, ils sont solvables. »
Et il utilise la métaphore de la montagne :
« On peut imaginer que la dette est comparable à un trou au pied d’une montagne représentant le revenu national. Jour après jour, le trou se creuse, tandis que les intérêts s’accumulent même si l’Etat n’emprunte pas plus. Si la période est favorable et l’économie florissante, la montagne grandit régulièrement. Tant qu’elle grandit plus vite que le trou ne se creuse, le revenu qui s’accumule au sommet de la montagne permet de combler ce dernier et de préserver à la fois sa profondeur et la solvabilité de l’Etat. L’insolvabilité pointe le nez quand la croissance économique d’un pays s’interrompt ou commence à se diminuer : la récession érode la montagne du revenu national, mais elle ne permet pas de ralentir le rythme auquel le trou de la dette continue de s’approfondir. »
C’est la chute sans fin : les argentiers augmentent les taux d’intérêts de leurs prêts et la dette s’accroît jusqu’à mener à l’insolvabilité.
C’est ce qui est arrivé à la Grèce après 2008.Et en 2009, les signaux étaient au rouge, car le socle des banques françaises était menacé. Elles possédaient une montagne de produits dérivés américains toxiques. Or, avec les banques allemandes, elles prêtaient à l’Etat grec et possédaient chacune une montagne de titres de la dette grecque qui ne cessait de s’accroître. Les banques allemandes et grecques ont commencé à paniquer. Elles ne prêtaient plus ni à l’Etat, ni au secteur privé grecs. La crise était lancée.
Sur son blog, dans un article datant du 21 mai 2017, l’économiste Bruno Colmant explique :
« Lorsqu’on s’interroge sur les origines de cette dette, la première réponse qui fuse d’ordinaire est de l’attribuer à la crise financière. L’explication est politiquement commode, mais elle est totalement incorrecte. Elle relève même de l’imposture intellectuelle. Ce ne sont pas les sauvetages bancaires qui ont créé la dette publique. Ils l’ont réveillée et révélée. Les tendances profondes portent des risques lourds et la théorie de l’imprévisibilité de la dette publique ne peut pas être défendue.
L’endettement excessif ne permet pas un développement durable. Il est né dans les années septante, une bonne trentaine d’années avant l’épisode des subprimes. Libérés du carcan monétaire des accords d’après-guerre au moment des premiers chocs pétroliers, les gouvernements européens ont tenté de camoufler la mutation de leurs économies à coups de transferts sociaux, aides publiques et autres soutiens à l’économie sans se réserver de gisements fiscaux suffisants. A l’époque, l’Europe sortait de trente ans de croissance, fertilisée par la reconstruction industrielle et le plan Marshall.
Tant l’Europe que les Etats-Unis ont connu une période de croissance dont l’analyse rétrospective fait ressortir une combinaison de trois facteurs : une abondance de crédits à faible taux d’intérêt, une épargne individuelle déclinante et un afflux de biens étrangers à bas prix entraîné par un phénomène de délocalisation industrielle majeure, auto-entretenu par une concurrence débridée. Mais l’Europe, moins résiliente que les Etats-Unis et adossée à des systèmes sociaux plus généreux mais aussi plus rigides, est en plus grande difficulté. Elle risque un tragique manque de croissance. »
On verra d’ailleurs que le keynésien de gauche qu’est Yanis Varoufakis est souvent d’accord avec l’analyse d’économistes libéraux et même libertariens. Ce qui ne signifie pas qu’il renonce à ses convictions.
Un nouveau gouvernement, celui du PASOK de Papandréou, venait d’être mis en place. Ce fut le gouvernement du renflouement, celui qui transforma le pays des Hellènes en « Renflouistan » pour reprendre le néologisme inventé par Yanis Varoufakis. En renflouant la Grèce, on sauvait d’abord les banques grecques et allemandes, mais on augmentait considérablement la dette grecque. Depuis des années, Varoufakis plaide pour qu’on restructure la dette. Il se heurte au mieux au scepticisme, à de farouches oppositions et même au pire, à des menaces sur sa famille.
Le professeur Yanis explique : comme la Grèce n’a plus de monnaie propre, elle ne peut dévaluer pour restaurer sa compétitivité. La seule possibilité, et c’est le credo de la Troïka, c’est une dévaluation interne par une drastique politique d’austérité. C’est la régression sociale garantie : les prix augmentent et les salaires diminuent. Les faillites tombent en cascade et, en définitive, la situation financière ne s’améliore pas, au contraire, elle empire.
En effet, en 2010 : « … pour 100 Euros de revenu gagné par un Grec, l’Etat devait 146 Euros aux banques étrangères. Un an plus tard, ces 100 Euros étaient tombés à 91 Euros, et en 2012 à 79 Euros. Pendant ce temps-là, à mesure qu’arrivaient les prêts officiels reposant sur les contribuables européens, redirigés ensuite vers les banques françaises et allemandes, la dette équivalente du gouvernement augmentait, passant de 146 Euros en 2010 à 156 Euros en 2011. Même en imaginant que Dieu et les anges du ciel convertiraient tous les fraudeurs fiscaux grecs et nous aient métamorphosés en presbytériens écossais économes, nos revenus étaient trop faibles et nos dettes trop élevées pour empêcher la banqueroute. »
La descente aux enfers de la Grèce continua. Papandréou qui avait bien servi la Troïka devenait gênant. Et en octobre 2011, elle le convoqua à Bruxelles pour signer la première phase d’un second accord de renflouement, alors qu’il avait commencé à protester contre cette chaîne sans fin de prêts ruineux uniquement destinés à sauver des banques. Un gouvernement de technocrates dirigé par le conservateur Samaras se met en place. Pendant ce temps-là, Yanis Varoufakis s’est rapproché de Syriza et prépare avec Tsipras sa montée au pouvoir. Il y a cependant un point essentiel de divergence avec Syriza : Varoufakis est farouchement opposé au Grexit, c’est-à-dire à la sortie de la Grèce de l’Euro.
Le professeur Yanis explique alors (cinquième leçon) :
« … certes, on irait bien mieux si on n’avait jamais intégré la zone euro, mais y être entré était une chose, en sortir en était une autre. Quitter la zone euro ne nous amènerait pas là où nous nous nous serions trouvés si nous n’y étions jamais entrés !
(…) Contrairement à l’Argentine qui avait renoncé à la parité entre le peso et le dollar, la Grèce n’avait pas de pièces ni de billets à elle en circulation. Le Grexit impliquerait beaucoup plus que l’abandon de la parité entre la drachme et l’euro. En Argentine, la rupture avait donné lieu à une dévaluation drastique de la monnaie nationale qui avait provoqué une exportation massive des exportations, laquelle avait entraîné une réduction importante du déficit commercial, puis une meilleure santé économique. La Grèce serait obligée de créer une nouvelle drachme, et ensuite de la séparer de l’euro. Créer une nouvelle monnaie prend des mois. En d’autres termes, le Grexit équivaudrait à annoncer la dévaluation d’une monnaie avant même qu’elle existe, une politique qui aurait des conséquences redoutables : une fuite des euros et une pénurie de monnaie locale destinées à faciliter les transactions quotidiennes. »
Donc, on était coincé. La seule possibilité d’en sortir était d’obtenir la restructuration de la dette. Lentement et sous les conseils de Varoufakis qui est retourné aux Etats-Unis, Syriza se prépare à succéder au gouvernement Samaras.
En mars 2013, éclate l’affaire de Chypre. Dans la nuit de vendredi 15 à samedi 16 mars 2013, les pays de la zone euro ont élaboré un plan de sauvetage du secteur financier de l'île qui a besoin de 17 milliards d'euros. Le plan prévoit une aide de 10 milliards d'euros (55 % du PIB de l'île) venant de la zone euro et, une taxe exceptionnelle sur les dépôts bancaires de 6,75 % jusqu'à 100 000 euros et 9,9 % au-delà devant rapporter 5,8 milliards d'euros.
Le 22 mars, le parlement chypriote accepte la restructuration de la deuxième banque du pays Laiki Bank, à travers la création d'une bad bank.
Le 25 mars, un second plan est proposé par la Troïka et Chypre. Ce plan comprend la garantie des dépôts de moins de 100 000 euros, la Laiki Bank est condamnée, ses dépôts de moins de 100 000 euros et les actifs de bonnes qualités sont transférés dans la Bank of Cyprus, le reste des dépôts et des crédits sont intégrés pour assurer le financement des décotes des actifs de la banque, touchant les revenus possibles de la liquidation de celle-ci. Les dépôts de plus de 100 000 euros de la Bank of Cyprus sont transformés en action de Bank of Cyprus pour 37,5 % de ces dépôts, 22,5 % supplémentaires seront immobilisés. Le plan vise a lever 4,2 milliards d'euros, en retour des 10 milliards d'euros de prêt accordé à Chypre. Il ne nécessite pas d'accord supplémentaire de la part du parlement. Le ministre des finances chypriote a aussi déclaré que les dépôts supérieurs à 100 000 euros de la Laiki Bank pourraient être taxés à hauteur de 80%.
Ce plan fait très peur à Varoufakis qui craint qu’il s’agisse d’une répétition générale de ce que la troïka fera après l’arrivée au pouvoir de Syriza. Depuis lors, d’ailleurs, régulièrement, l’opinion publique européenne exprime des craintes sur une éventuelle taxation de l’épargne. Depuis l’affaire cypriote, l’idée est dans l’air.
Et puis, il fallait préparer la prise de pouvoir. Varoufakis proposa des mesures réalistes, mais craignant sans doute de perdre, Alexis Tsipras présenta un programme démagogique inapplicable au grand dam de Varoufakis. C’est l’éternel dilemme dans la gauche : le réalisme face à l’utopie. Une discussion s’ensuivit : le jour même de l’arrivée au pouvoir de Syriza, la BCE est capable de faire fermer les banques grecques, selon Varoufakis, soit un scénario à la Cypriote.
Varoufakis craignant le blocage des banques par la BCE inventa un système pour assurer la circulation des liquidités sans passer par les banques. Il s’agissait au départ de cartes de débit alimentées par l’Etat et distribuées à chaque citoyen grec pour assurer ses besoins les plus élémentaires. Il s’agissait de répondre à la crise humanitaire qui se dessinait.
Cette valse hésitation se poursuivit jusqu’aux élections du 15 janvier 2015 qui amenèrent Syriza au pouvoir en coalition avec un parti nationaliste, ce que Varoufakis désapprouvait. Mais, comme ministre des Finances, il était maintenant dans le bain… et dans le système !
Il constitua d’abord son équipe. Il lui fallait des gens capables de contrer la redoutable troïka. Varoufakis ne s’embarrassa pas de scrupules : il prit des transfuges tout en veillant à la fois à leur efficacité et à leur fidélité.
La campagne électorale débutait et tous les coups étaient permis. La troïka fit publier des statistiques qui étaient fausses. Elles montraient un redressement alors que la récession se poursuivait. Cela afin de faire voter pour Samaras contre Syriza. Cela contraignit Varoufakis à intervenir auprès des parlementaires européens et de la presse internationale afin de rétablir la réalité.
Et cette réalité, ou plutôt cette vérité, personne ne veut la dire. Ce serait comme un aveu. Varoufakis rapporte une conversation qu’il eut avec Christine Lagarde, la directrice générale du FMI, avec qui il entretint d’excellentes relations en dépit de profondes divergences.
« Christine soutenait qu’il y avait deux conditions sine qua non au redressement de la Grèce : un allègement de la dette et un taux d’imposition plus bas [le programme de la troïka]. Puis elle s’est adressée à moi sur un ton calme et apaisant, synonyme d’honnêteté :
- Bien sûr, vous avez raison, Yanis. Les objectifs sur lesquels ils insistent ne peuvent pas fonctionner. Mais comprenez bien que nous avons trop investi dans ce plan. Nous ne pouvons pas reculer. Votre crédibilité dépend de votre accord et de votre participation à ce plan. »
Ainsi, les dés étaient pipés. Mais, posons-nous la question : le plan en question n’est-il pas tout simplement là pour camoufler l’échec de la conception même de l’euro et qu’il n’était pas question d’envisager un changement vers un autre euro ! La Grèce en serait victime, mais vu sa faible taille, après tout, ce n’est pas trop dramatique… On a vu ce que cela a donné !
De ces rencontres, il tira aussi les conclusions : le rôle de chacun n’est pas celui que l’on croit. Ainsi, Jean-Claude Juncker n’est pas le premier de la Commission en réalité, c’est un fonctionnaire du nom de Thomas Wieser qui dirige la maison.
Le livre se poursuit sur le récit des différentes rencontres que Varoufakis a organisé ou a été convié. Ses propositions sont soit rejetées, soit considérées avec condescendance. C’est un défilé de personnages dont l’auteur a réussi à gratter le vernis en dressant leurs portraits. Il est édifiant d’analyser les personnalités de ces maîtres de la finance et donc du monde et de ces valets de la politique. C’est incontestablement la partie la plus passionnante de « Conversations entre adultes ». L’auteur – acteur qu’est Varoufakis finit par apprécier trois personnalités : Christine Lagarde, la présidente du FMI qu’il considère comme une véritable interlocutrice, son redoutable ennemi Wolfgang Schaüble dont il admire la franchise et le courage et le futur président français, Emmanuel Macron, à l’époque tout frais ministre de l’Economie de François Hollande. On peut vraiment dire que tous les autres sont de pâles types et particulièrement Jeroen Djisselbloem, le ministre néerlandais des finances et président de l’Eurogroupe.
Pierre Moscovici, Commissaire européen, Mario Dhragi, président de la BCE, Jeroen Djijsselbloem, Président de l'Eurogroupe et Michel Sapin, ministre français des finances jouèrent un jeu de dupes avec la Grèce.
Varoufakis est conscient que le rapport de forces n’est pas en sa faveur. Mais il estime qu’il a le mandat non pas du gouvernement, mais de l’électeur, c’est-à-dire du peuple grec pour négocier, ce qui signifie qu’il sait qu’il devra faire des concessions, mais qu’il ne doit pas exclure de quitter la table. Et il s’aperçut très vite que ce n’était pas un combat entre Allemands et Grecs mais entre des valeurs. Il y avait des adeptes des Lumières, comme des ennemis dans tous les pays. Il devait lutter contre les mémorandums imposés par la troïka et qui consistaient à démanteler l’Etat social grec et à la privatisation des infrastructures hellènes.
Il perçoit très vite la réalité de ce jeu. Ainsi, suite à sa première rencontre avec le ministre allemand des finances, il écrit :
« … sa théorie suivant laquelle le modèle social européen « trop généreux » était intenable et bon à jeter aux orties. Comparant le coût du maintien des Etats-providences avec la situation en Inde ou en Chine, où il n’y a aucune protection sociale, il estimait que l’Europe perdait en compétitivité et était vouée à stagner si on ne sabrait pas massivement dans les prestations sociales. Sous-entendu, il fallait bien commencer quelque-part, et ce quelque-part pouvait être la Grèce. »
Wolfgang Schaüble, le redoutable ministre des finances allemand voulait le démantèlement de l'Etat social dans toute l'Europe.
Tout est donc clair. C’est le social qui est visé. C’est cela la politique de l’Union européenne. D’ailleurs, à une autre occasion, Varoufakis explique que Juncker, le président de la Commission, avait proposé à un certain moment d’assouplir les mesures drastiques de la troïka à la condition que l’on poursuive le démantèlement social.
Il y eut aussi de grandes déceptions : le Français Michel Sapin, les sociaux-démocrates européens en général qui jouent double jeu et son « ami » premier ministre Alexis Tsipras qu’il avait conseillé, porté au premier rang et qui a fini par le trahir.
On revit donc ce premier semestre 2015 depuis la constitution du gouvernement Tsipras jusqu’au référendum trahi par son propre initiateur, Alexis Tsipras. L’enjeu était dès le départ le maintien ou non de la Grèce dans la zone euro. Varoufakis était un chaud partisan du maintien. Il se heurtait à Wolfgang Schaüble qui voulait le Grexit et à une partie de Syriza qui souhaitait aussi la sortie de la Grèce de l’euro. Alors que cette sortie serait suicidaire et que l’enjeu était bien plus fondamental qu’un simple redressement financier.
Cette histoire, en définitive, est une tragédie – ce sont les Grecs qui ont inventé la tragédie – pour ces hommes et ces femmes, pour la Grèce et pour les peuples.
Yanis Varoufakis nous le rappelle. Et il nous dit que le combat est loin d’être terminé, même si la défaite fut lourde et amère. Ce récit est une leçon pour l’avenir.
Pierre Verhas
Dans les coulisses secrètes de l'Europe
Date de parution : 11/10/2017
ISBN : 979-10-209-0558-1
26.00 €