« L'unanimité fut écrasante, l'intervention militaire non discutée et toute pensée
dissonante, tout questionnement sur les raisons et les buts d'une guerre qui taisait son nom ont semblé inconvenants ». Qui ose écrire pareille sentence sur la guerre en Libye ? Le « nauséabond » Thierry Messan ?
Un pro-Kadhafi attardé ? Marine Le Pen ? Non : le cinéaste réalisateur de la « Shoah », l’historien et directeur des « Temps modernes », Claude Lanzmann, ami,
jusqu’à ce jour, de BHL. Colère de ce dernier ! Ils ne se parlent plus depuis le 17 avril où, dans le « Monde », Claude Lanzmann s’était permis d’émettre des doutes sur
l’opportunité de cette guerre. Il remit cela en juillet dans les « Temps modernes ». C’est de ce numéro que cette phrase est extraite.
Claude Lanzmann n'aime pas l'unanimisme.
A chaque fois, on impose l’unanimité dès qu’il y a
intervention militaire occidentale. Ce fut le cas pour l’ex-Yougoslavie, l’Irak, l’Afghanistan et maintenant pour la Libye. Les motifs officiels de ces opérations s’inscrivent soit dans « la
guerre contre le terrorisme » (Irak, Afghanistan), soit dans la « défense des droits de l’homme » (ex-Yougoslavie, Libye). Il n’est bien entendu pas question de se poser une
quelconque question puisqu’on vous apporte la réponse sur un plateau de télé et encore moins d’émettre la moindre critique, sous peine d’être soumis à l’opprobre des médias.
Un assassin
tantôt ami, tantôt ennemi
Il y a longtemps que l’on aurait dû mettre hors d’état de
nuire Mouammar Kadhafi, ce tyran mégalomane et assassin. Qu’on soit ou non pro-américain, Lockerbie est un crime dont le premier responsable est Kadhafi. Qu’on aime ou non la France, l’attentat
contre le DC 10 d’UTA est un crime dont le premier responsable est Kadhafi. Il est inacceptable que des militants de gauche puissent trouver à défendre ce meurtrier au nom d’un soi disant
anti-impérialisme. Tout aussi inadmissible fut aussi l’attitude des dirigeants occidentaux – Sarkozy en tête – qui « pardonnèrent » Kadhafi parce qu’il avait indemnisé les familles des
victimes de ses abominables forfaits. L’odeur du pétrole est bien plus forte que la défense des principes fondamentaux des droits de l’homme.
Mouammar Kadhafi : un assassin destructeur
Et n’oublions pas l’épisode tragique des infirmières bulgares. En 1999, dans le cadre
des missions de l’OMS, cinq infirmières bulgares sont envoyées dans un hôpital pour enfants de Benghazi où elles sont dirigées par un pédiatre stagiaire palestinien. 400 enfants hospitalisés sont
contaminés par les virus VIH (le Sida) et de l’hépatite C. Les bambins sont transférés dans différents hôpitaux européens, mais cinquante décédent. C’est une hécatombe ! Les familles
demandent réparation à l’hôpital. Les autorités libyennes accusent les infirmières bulgares et le médecin palestinien d’avoir volontairement contaminé ces enfants. Ils sont emprisonnés et
torturés dans des conditions épouvantables. Au terme d’une saga judiciaire qui dura jusqu’en 2007, le pédiatre et les infirmières sont condamnés à mort, puis graciés, les familles des victimes
ayant renoncé à demander la peine de mort, contre une indemnisation. A peine élu, Sarkozy saisit la chance d’avoir une stature internationale. Il envoie son épouse d’alors, Cécilia, en Libye où
elle visitera les infirmières et les informa qu’un arrangement a été trouvé avec les familles des enfants. Le 24 juillet 2007, Cecilia Sarkozy, en compagnie de la commissaire européenne aux
relations extérieures, Benita Ferrero et de Claude Guéant, alors secrétaire général de l’Elysée, ramènent les infirmières bulgares et le médecin palestinien en France, à grand renfort de tapage
médiatique.
Cécilia Sarkozy et la Commissaire européenne Benita Ferrero ramenant les infirmières bulgares en Europe.
Le lendemain, Sarkozy effectue une visite
hautement symbolique à Tripoli. Voici le texte du communiqué officiel : « Manifestation de la normalisation des relations entre la Libye et les Européens, le chef d’État français a été
accueilli par le dirigeant libyen, Mouammar Kadhafi, dans une rencontre visant à resserrer les liens entre les deux pays. À l’issue de leur rencontre, a été annoncée la signature d’un mémorandum
d’entente dans le domaine de l’énergie nucléaire civile. Selon un haut responsable français, l’accord prévoit la fourniture d’un réacteur nucléaire pour permettre à la Libye de désaliniser de
l’eau de mer. »
Sarkozy et Kadhafi à Tripoli : le degré zéro des relations internationales.
On est arrivé au degré zéro des relations internationales : le sang et l’intégrité physique et morale des hommes et
des femmes ne pèsent rien face au fric et au commerce international.
Par après, Kadhafi plantera sa tente près du Palais de l’Elysée à Paris et dans les jardins du Palais d’Egmont à
Bruxelles, sous l’œil ému de ce grand champion de la démocratie dans le monde et particulièrement au Congo, le ministre belge Louis
Michel.
Dès lors, quelle crédibilité accorder à ces mêmes dirigeants occidentaux, avec à leur tête, Sarkozy, qui voit là, à
nouveau une opportunité de se mettre en évidence à quelques mois d’un scrutin vital pour sa survie politique ? Une nouvelle guerre « juste » est initiée.
Le sujet a déjà été évoqué ici (voir sur
« Uranopole » : http://uranopole.over-blog.com/article-libye-le-jeu-de-cache-cahe-70263297.html). Dans la
foulée des révoltes arabes, un Conseil national de transition (CNT) né, on ne sait trop comment, dans la capitale de la Cyrénaïque, Benghazi, à l’Est de la Libye, se constitue et déclenche un
large mouvement visant à renverser Kadhafi. La riposte du dictateur est immédiate et violente, au point que les populations civiles sont menacées d’être massacrées. C’est le prétexte pour
l’intervention ardemment souhaitée par la France et la Grande Bretagne. C’est ainsi que la fameuse résolution 1973 est adoptée par le Conseil de Sécurité des Nations Unies. L’objet est d’empêcher
les massacres de populations civiles et de fixer une zone d’exclusion aérienne. Il n’est écrit nulle part qu’il faut renverser Kadhafi. La France et l’Angleterre se lancent tout de suite dans une
opération militaire suivies par les USA et d’autres pays de l’OTAN, dont la Belgique. Notons que l’Allemagne, à raison, ne s’est pas inscrite dans cette aventure. En réalité, ce sont les
Américains qui contrôlent militairement les opérations, par l’intermédiaire de l’OTAN. Il n’est pas question d’une intervention terrestre, du moins officiellement. On apporte un appui aérien et
logistique aux « forces » du CNT.
Qu’est donc
ce CNT ?
Ce Conseil national de transition est basé à Benghazi et
se présente comme le gouvernement légitime de la Libye. Il est en tout cas, de facto, le gouvernement de l’Est, c’est-à-dire de la Cyrénaïque. Son programme politique consiste en des
généralités sur l’adoption d’une Constitution, d’élections libres, du respect de « tous les droits » (lesquels et pour qui ?), etc. Il y a aussi – et c’est important – le respect
des contrats pétroliers. Donc, la principale ressource de la Libye restera sous le contrôle des grandes compagnies pétrolières. « L'entrée des rebelles à Tripoli a permis à certains producteurs étrangers d'annoncer leur retour en Libye. C'était le cas lundi de l'italien Eni, principal acteur étranger du secteur en
Libye avec une production de près de 110.000 barils de pétrole par jour avant le conflit. Selon le ministre italien des Affaires étrangères Franco Frattini, des employés d'Eni sont arrivés sur
place pour superviser le redémarrage des installations pétrolières dans l'est du pays. » Voilà ce qu’écrit « Le Figaro » du 26 août. Les
affaires reprennent ! Cela n’a pas duré ! Et le quotidien conservateur parisien ajoute : « Malgré un retour progressif des compagnies pétrolières étrangères en Libye,
de nouveaux acteurs, comme la compagnie nationale du Qatar [ce n’est pas pour rien que les Qataris ont envoyé des chars aux rebelles] ou la société de négoce Vitol, seront en concurrence avec les
géants occidentaux déjà présents. Selon les analystes, Total et Eni pourraient sortir grands gagnants de la redistribution des cartes dans le secteur grâce au soutien précoce apportés par Rome et
Paris à la rébellion. »
Eh bien voilà ! Christophe de Margerie qui a tant envie de payer des impôts –
enfin, pas trop – trouvera bien à remercier son ami Sarkozy pour sa guerre humanitaire. Ah ! Le Fouquet’s ! Au passage, on n’oubliera pas d’arroser les membres du CNT dont le
numéro 2, Mahmud Jibril, a été reçu à l’Elysée, le lendemain de l’arrivée des rebelles à Tripoli.
Christophe de Margerie : la guerre en Libye est tout bénéfice pour Total.
Et puis, les membres connus du CNT sont, comme il se doit,
de parfaits démocrates. En effet, ce Conseil est composé de deux catégories de personnages : les opposants de la première heure et les kadhafistes « convertis » à partir de février
2011. D’autre part, la rébellion est constituée de plusieurs groupuscules d’origines diverses parmi lesquels il ya des intégristes musulmans. D’autre part, l’épisode tragi-comique de la fausse
arrestation du fils et successeur désigné, Seif Al-Islam el Kadhafi a sérieusement décrédibilisé le CNT. Cependant on peut se poser la question sur sa prétendue « évasion ». N’aurait-il
pas bénéficié de soutiens au sein même du CNT ?
Saïf-al-Islam Kadhafi a joué (et joue encore ?) un rôle important.
Le rapport du CF2R (http://www.cf2r.org/images/stories/news/201106/rapport-libye.pdf), le Conseil français du
renseignement, est très intéressant à ce sujet. Sur ce conseil de 33 membres, le numéro 1 est un personnage sulfureux. Il s’agit de Mustapha Abdul Jalil : c’est un
proche de Saif al-Islam, et il fut le juge qui a confirmé, à deux
reprises, la condamnation à la peine de mort des infirmières bulgares. Nommé ministre de la justice en 2007, il a fait défection le 21 février. Assurément, un grand défenseur des droits de
l’homme !
Mustapha Jalil, numéro 1 du CNT : un personnage sulfureux
Le numéro 2, Mahmoud Jibril, aujourd'hui en charge de l'équivalent du gouvernement
provisoire du Conseil, était lui aussi un proche du fils Kadhafi promu en 2007.
Mahmud Jibril entretient de bonnes relations avec Sarkozy.
Il y avait aussi Abdul Fatah Younis al-Obeidi, vieux compagnon de Kadhafi, fondateur de
ses forces spéciales et ancien ministre de l'intérieur. Il a pris le commandement des forces rebelles. Il fut aussi le grand copain de BHL. Puis, dans des circonstances mystérieuses, il fut
assassiné. Et, quelques jours après, la guerre qui s’enlisait – les troupes rebelles ne parvenaient pas à aller au-delà de Misrata – prend une autre tournure et les rebelles parviennent en
quelques jours jusqu’à Tripoli. Est-ce un hasard ? En tout cas, il est établi que des forces spéciales de l’OTAN les ont aidés sur le terrain – donc, il y a eu intervention terrestre, malgré
tous les engagements – et une importante tribu, la Zintane, s’est ralliée aux rebelles et aurait joué un rôle fondamental dans ce revirement.
Qui a tué Abdul Younis et pourquoi ?
Jusqu’à aujourd’hui, Kadhafi reste introuvable. Il a sans doute pu rejoindre la ville
de Syrte, son fief, qui est loin d’être contrôlée par les rebelles. Que va-t-il se passer ? On peut affirmer une chose : le risque d’enlisement est toujours là, car cette guerre est
loin d’être terminée. Ensuite, la prise de Tripoli n’a été possible qu’avec l’appui de tribus de la Tripolitaine, comme la Zintane. Or, elles ne sont pas représentées au sein du CNT qui n’arrive
pas à se reconstituer après l’assassinat de Younis. Et puis, même si Kadhafi est capturé ou tué, cela ne mettra sans doute pas un terme à ce conflit qui pourrait se transformer en guerre
civile.
Pour quel
résultat ?
Comme l’a dit un professeur de mathématiques libyen, Ahmed
Kiriani revenu d’exil pour participer à la révolution, au journaliste de « Mediapart », Thomas Candaloube : « La Libye, c’était
une dictature par l’anarchie ». On ne savait pas qui faisait quoi et les seuls « chefs » identifiables étaient Kadhafi et sa famille.
Il est assez symptomatique de notre époque de
simplifications excessives que l’on n’analyse pas la nature des pouvoirs dictatoriaux. Non – et cela fait partie du système de propagande « unanimiste » – on schématise en parlant de
« dictature » pour tous les régimes non démocratiques dans le monde : la Corée du Nord, la Syrie, la Chine, l’Iran, c’est-à-dire l’axe
du mal de George W Bush, sont des « dictatures », point à la ligne. Ou encore, des « pouvoirs totalitaires ». On mélange tout : islamisme, régimes
« communistes » chinois et nord-coréens, monarchies du Golfe, Jamahiriya libyenne, etc. On confond « dictature » et « totalitarisme ». Alors, on ramène tout au seul
concept : « dictature ». C’est simple, c’est moral, cela évite de penser…
La Jamahiriya était un système de comités locaux
relativement autonomes dans ce pays de tribus jusqu’il y a peu contrôlé par le clan Kadhafi. C’était à la fois son point fort et son point faible. Tant que ces comités lui restaient fidèles, le
pouvoir était solidement installé, mais dès qu’il y eut des défections, le système devenait incontrôlable. C’est ce qu’il s’est passé, puisque les conseils locaux à Tripoli ont négocié en secret
avec le CNT, dès le début du déclenchement du conflit.
L'intervention militaire occidentale ne fut pas qu'aérienne.
Les Occidentaux, et particulièrement les Français, n’ont
pas joué un rôle positif en cette guerre. Il est clair que Sarkozy a fait pression et est arrivé à imposer la solution militaire afin d’éviter tout accord négocié. Nicolas Sarkozy a voulu cette guerre, contre l'avis de nombreux Européens dont l’Allemagne et jusqu'à prendre de court Alain Juppé qu'il venait
pourtant de nommer aux affaires étrangères. Cette guerre, en trois mois,
a complètement changé de nature. Selon un officier supérieur français cité par « Mediapart » :
1. Les buts de guerre ont changé : il ne s'agit plus d'une opération humanitaire visant à protéger les civils ; il s'agit de précipiter l'après-Kadhafi.
2. Les moyens de la guerre ont changé : il ne s'agit plus de faire respecter une zone aérienne d'exclusion mais d'exercer « une pression militaire », comme dit Alain Juppé, devant
provoquer le changement de régime; et c'est l'Otan, contre l'avis de la France, qui a pris le commandement des opérations.
3. La coalition entrée en guerre a elle aussi changé : les Etats-Unis se sont désengagés ; la Ligue arabe est partie sur la pointe des pieds ; l'Union africaine critique ; et la France et
la Grande-Bretagne se retrouvent seules pour assumer près des trois quarts des opérations aériennes.
Il fallait être naïf pour penser qu’il en était autrement. Il suffit de voir la
précipitation que mettent les compagnies pétrolières à se mettre du côté du CNT.
Les Occidentaux ont tout fait pour empêcher des négociations. La Turquie avait proposé
ses bons offices, mais elle fut écartée. Cela aura de fâcheuses conséquences plus tard, notamment dans les tractations pour l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne.
Claude Lanzmann écrit, par ailleurs : « On ne
sait rien ou très peu du “gouvernement” de Benghazi, sinon qu'il est constitué de gens proches de Kadhafi pendant des décennies. Ce qui se passe en Libye n'est-il pas au fond une guerre civile,
qui autorise toutes les simplifications et les amplifications rhétoriques ? Kadhafi devait être écrasé en quelques jours sous la fessée des frappes. Il tient bon pour l'instant, malgré de très
durs bombardements, une partie de la population le soutient, lui garde sa confiance. C'est, dira-t-on, le propre des dictatures. Mais il y a sûrement autre chose : la population libyenne ne
souffrait pas de la même misère que ses voisins égyptiens et tunisiens, le fantasque dictateur n'était pas toujours aussi fantoche qu'on le prétendait. Même corrompu, il laissait à son peuple
quelque profit de la rente pétrolière, l'essence et l'électricité étaient quasiment gratuites. »
On aurait cependant préférer que la manne pétrolière serve
à autre chose qu’à donner des miettes au peuple, qu’elle investisse dans son avenir par des écoles, des infrastructures, des hôpitaux. Le CNT le fera-t-il ? On peut en douter.
Contrairement aux révoltes tunisienne et égyptienne, où l'armée n'a pas ouvert le feu
sur la population, la Libye s'est embrasée dans ce qui est devenu une guerre. D'un côté, il y a les troupes loyalistes, composées de l'armée régulière, de bataillons spéciaux dépendant des fils
Kadhafi et de mercenaires. De l'autre, il y a pour l'essentiel des « shebabs », de jeunes civils, dont beaucoup de chômeurs, qui se sont emparés d'une Kalachnikov ou sont montés à
l'arrière d'un pick-up pour opérer avec une mitrailleuse de gros calibre. Que veulent-ils ? Devenir des caïds, la démocratie, c’est pour les autres.
Des armes livrées aux insurgés libyens qui pourraient un jour se retourner contre leurs fournisseurs...
Aujourd’hui, c’est plus sérieux. Par l’appui pas toujours opportun de l’OTAN, les
rebelles se sont transformés en factions lourdement armées dont certaines sont très dangereuses. Si Cameron a insisté pour qu’on ne livre pas d’armes aux rebelles, les Qataris les ont aidés avec
leurs chars et leur ont fourni des missiles « Milan » fabriqués par EADS. Un journaliste arabe dit : « Le Qatar est, en quelque
sorte, la banque et le bras droit de l'Occident dans le monde arabe ! » Il faut avoir la naïveté des Occidentaux pour penser que cet émirat est à leur service.
On pourrait assister à un scénario semblable à celui de l’Afghanistan où les
moudjahidines se sont retournés contre les Américains qui les avaient aidés à chasser les Soviétiques, en leur fournissant un armement efficace et moderne. On a appelé ces moudjahidines Talibans
ou Al Qaeda… L’histoire ne peut que bégayer avec ces mensonges à répétitions d’un Occident ayant toujours l’illusion d’engendrer la « fin de l’histoire ».
Pierre Verhas